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                             ÉPIGRAPHlE LYONNAISE                               19

     On a à se demander à quel trafic se livraient des négociants qui
 disposaient d'une circonscription englobant ainsi trois des régions de
 l'Italie, et des provinces entières; sans doute un commerce de pre-
 mière utilité publique et très vraisemblablement le commerce des
 blés] sur une grande échelle, soit pour l'approvisionnement de la
 Capitale, en aide à l'Egypte et à la province d'Afrique, les greniers
 ordinaires de Rome, soit pour de grosses fournitures à faire aux
 armées. Alors s'explique au mieux que le chef de la corporation ait
le titre de praefectus, non de magister ; c'est que ce chef était, non un
simple directeur élu par le suffrage des membres de l'association,
mais une sorte de gouverneur de la Compagnie nommé par l'État et
placé sous sa dépendance. Cicéron (Voy. Forcellini au mot nego-
tiator) parle des negotiaiores de son époque (1) ; c'étaient des gens, or-
dinairement citoyens romains, qui, étant en possession de capitaux
importants, faisaient à la fois l'usure et le commerce du blé en grand.
Leur exploitation embrassait souvent plusieurs provinces réunies.


     (1) Texte de César, de Bello Gallico, VII, 3, qui montre les Romains déjà orga-
  nisés pour le commerce des blés en Gaule : < Carnutes, Cotuato et Conetoduno
                                                  t
 ducibus, desperatis hominibus, Genabum, dato signo, concurrent, civesque
 Romanos, qui negotiandi causa ibi constiterant, in his C. Fusium Citam, honestum
 equitem Romanum, qui rei frumentaria; jussu CÅ“saris prxerat, interficiunt, bona-
 que eorum diripiunt. »
    Texte d'Hirtius, de Bello Africano, 36, qui montre que les negotiatores d'une
 région étendaient au loin leur action :
    « Legati ex oppido Tisdrse, in quo tritici modium millia CCC comportata fue-
 rant a negotiatoribus Italicis aratoribusque, ad CÅ“sarem venere, quantaque copia
 frumenti apud se sit docent, simulque orant ut sibi praesidium mittat, quo facilius
 et frumentum et copias suse conserventur. »
    Les negotiaiores frumentarii formaient une corporation dès le premier siècle
 (voir Gruter, 128, 2) et c'est à cette corporation que Claude a peut-être accordé la
 grande faveur mentionnée par Suétone, Chudius, 18 : « Negotiatoribus (adinve-
 hendos etiam tempore hiberno commeatus) certa lucra proposuit, suscepto in se
 damno si cui quid per tempestates accidisset. »
    Textes du Digeste prouvant la considération dont jouissaient les negotiatores
frumentarii : L. 9, § 1, D., De vacatione et excusatione munerum, 50, 5 : « Paulus
 respondit : Privilegium, frumentariis negotiatoribus concessum, etiam ad honores