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 470                       LA R E V U E L Y O N N A I S E

  attachaient depuis Philippe le Bel à la monarchie capétienne se
  resserrant chaque jour davantage, la langue française d'abord
  en usage parmi les seuls gens du roi, ne tarda pas à s'étendre *
 chez nous; c'était celle en effet qu'il fallait connaître si l'on voulait
 arriver aux places et aux honneurs. Par une conséquence toute
 naturelle, notre vieille langue nationale tomba en défaveur et l'on
 finit par la considérer comme indigne de toute production litté-
 raire, si modeste fût-elle ; aussi faut-il descendre jusqu'au milieu
 du seizième siècle, pour trouver quelques humbles essais de litté-
 rature dialectale4 : je veux parler de cette scène dialoguée en patois
 que récitaient « les trois supposts du Seigneur la Coquille, » pen-
 dant la chevauchée de l'âne, faite à Lyon en 1566, et d'une chanson
 insérée dans le Formulaire fort récréatif de tous contrats,
 donations, etc., dont la première édition remonte à l'année 1594.
    Le siècle suivant n'est pas beaucoup plus riche : un couplet de
 dix vers perdu dans la description de la Mascarade qui se fit à
 Lyon, le dimanche gras, 14 février 1627, la ville de Lyon envers
 burlesques, poème populaire qui contient un certain nombre de
 tirades en patois, telles sont, avec la pièce que nous réimprimons
ici, les seules épaves du dialecte lyonnais au dix-septième siècle.
La Bernarda n'est point à coup sur l'œuvre d'un poète de race :
l'intrigue en est fastidieuse et les platitudes y abondent, quant
aux fautes contre la prosodie il faut renoncer à les signaler.
Hâtons-nous toutefois d'ajouter que la seconde partie est bien
supérieure à la première et qu'elle contient quelques traits heureux,
quelques observations fines et vraies. A défaut de mérite littéraire,
la Bernarda a d'ailleurs pour l'histoire de notre vieille langue et
de nos vieilles mœurs un incontestable intérêt. Imprimée en 1653,
sous le titre de la Bernarda-Buyandiri, tragi-comedia, la date
de sa composition ne peut remonter au delà de 1656 : il est en
effet question, dans le Prologue, de la Reine Christine de Suède qui
vint pour la première fois à Lyon au mois d'août de cette année
1656.

   • Je compte dire ailleurs pourquoi je me refuse à voir dans le terrier des posses-
sions du prieuré d'Alix (1406), publié ici-même par M. G. Guigue, un document en
dialecte Lyonnais. Ce terrier est suivant moi l'œuvre d'un scribe de langue d'oc, né
au sud ouest du Forez ou dans le Velay peut-être.                           i