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     296                   LA REVUE LYONNAISE
     quatre-vingt-dix ans d'éclipsé, que si elle sortait des mains de son
     puissant créateur.
        Cependant il n'était pas sans intérêt de rapprocher ce second
     christ de son aîné d'Avignon. Il convenait de le faire reconnaître,
     légitimer et pour ainsi dire, recevoir un second baptême au lieu
     même où il avait pris naissance.
       M. Waldmann avait déjà annoncé à Avignon la bonne nouvelle.
    Un beau jour il prend son précieux christ avec lui et se dirige
    vers la cité des Papes. Tout ce que la ville d'Avignon possède
    d'artistes, de lettrés, d'amateurs, d'archéologues, est sur pied. Rou-
    manille, le maître des félibres, sans lequel il n'y a pas de beaux
    jours en Provence, est à leur tête, frémissant d'impatience. Je n'ai
    pas besoin d'ajouter que parmi eux se rencontre plus d'un Thomas
    incrédule et que les connaisseurs les plus autorisés se précaution-
    nent contre une déception par une défiance d'ailleurs fort natu-
    relle.
         Enfin, les deux christs, qui ne s'étaient pas vus depuis la grande
      Révolution, sont mis en présence. Faut-il dire qu'à l'instant même
      ils se reconnaissent ? Il n'y a qu'un cri pour dire que ce sont bien là
     deux enfants d'un même père, deux frères nés d'un même amour.
         Toutes les préventions sont tombées, et tous réunis dans un même
     sentiment de joie songent à fêter le retour de l'enfant égaré, et
     répètent ces paroles du père de famille : « Celui qui était mort est
     ressuscité ; celui qui était perdu est retrouvé ».
         Il ne faudrait pas croire cependant que les deux christs soient
     de tous points identiques et que le second ne soit que la reproduc-
     tion, la copie servile du premier. A mon avis, il en est plutôt l'achè-
     vement et la perfection suprême.
         Des deux parts, les qualités sont les mêmes : Le coup profond du
     ciseau, la vigueur du dessin, la science de l'anatomie, l'harmonie
\    des lignes, la perfection des détails, mais par-dessus tout l'inten-
     tion originale de l'Å“uvre et la puissance de l'expression. Les di-
     versités ne commencent qu'aux détails de l'exécution.
         L'intention originale, la conception fondamentale qui a présidé
    â toute l'économie de ce double travail et que l'artiste a poursuivie
    jusque dans les derniers détails, a été de modeler la figure jusque^
    là inconnue de Y Expiation, l'expiation par lesquelles sont rache-