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             DÉCOUVERTE D'UN CHRIST EN BUIS                       295

publiques, ont atteint des prix élevés, a réveillé ses souvenirs. Il a
retiré de l'armoire son trésor enfoui et a convoqué quelques amis
autour de lui pour en porter un jugement.
  A première vue nous sommes unanimes à proclamer que ce
christ est beau, merveilleusement beau et qu'il n'existe rien de
pareil autour de nous.
  Après quelques instants d'une contemplation recueillie et silen-
cieuse, une opinion se fait jour, c'est qu'il a un air de famille avec
celui d'Avignon et qu'il mérite d'en être rapproché.
   Enfin, à la suite d'une visite minutieuse de tous les détails, le
plus expérimenté de nous tous, en retournant le crucifix, aperçoit
sur un pli de l'écharpe qui ceint les reins du Sauveur, la signa-
ture suivante en caractères très nets :

                  F E CIT
                 JEAN GVILLERMIN

   Toutes les incertitudes sont levées. Nous sommes en présence
d'une œuvre authentique, légitimée, signée d'un grand nom. Ce
christ est bien l'Å“uvre de Jean Guillermin.
   Aussitôt, nous consultons les dictionnaires historiques : celui
de Larousse, par exemple, contient la mention suivante : « On sait
qu'après le crucifix d'ivoire, il exécuta encore pour la même con-
frérie (des Pénitents d'Avignon) un autre crucifix de buis, qui est
malheureusement perdu ».
   M. Désandré, dans son Essai historique sur le crucifix d'ivoire,
s'exprime ainsi sur le christ en buis : « Qu'est devenu ce travail?
On l'ignore, et toutes les recherches à cet égard seraient, croyons-
nous, pour le moins superflues. Il est permis de supposer toutefois
et, d'après nous, c'est l'opinion qui se rapproche le plus des faibles
et lointains échos qui nous sont parvenus de sa disparition, qu'il
fut la proie des hordes révolutionnaires, qu'il disparut dans le som-
bre bûcher sur lequel ces vandales modernes brûlèrent tout ce qui
avait un souvenir noble ou poétique ».
   Heureusement ces sinistres prévisions ne se trouvaient pas réa-
lisées. Cette œuvre fameuse, dont on avait si longtemps désespéré,
était là sous nos yeux aussi belle, aussi jeune, aussi vivante après