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238                  LA REVUE       LYONNAISE

   Et plus loin, je trouve cette maîtresse appréciation de deux muses
si opposées :
   «       Pierre Dupont et Soulary croîtront en popularité, parfai-
tement classiques qu'ils sont déjà tous deux. Le côté humain du
premier, le caractère profondément philosophique du second, dans
sa pensée libre et moderne et sous son impeccable forme, entreront
en ligne de compte dans le bilan delà poésie du siècle, autant du
moins que l'on peut préjuger des arrêts delà postérité          Je me
trompe, cependant, en disant que lous deux sont classiques et popu-
laires... Soulary seul qui n'est pas populaire passe pour classique
auprès des dilettanti, le dernier public des poètes. Pierre Dupont,
qui le sera un jour, n'est encore que populaire.,.. Mais il est venu
à son heure ; et en rendant, je le répète, la chanson plus humaine,
il a fait œuvre de génie.

    « Et Béranger lui-même, au-dessus duquel on ne voyait guère
que Lamartine et Hugo, vers 1840, Béranger ne se trompait point
 en disant de Pierre Dupont, et devant lui : « Il est poète, plus poète
 que moi ». Mais ce qui manquait à l'un, manquait à l'autre, et
 réciproquement. Si Pierre Dupont avait eu plus de langue et plus
d'art, s'il avait surtout compris que la simplicité peut confiner à
la niaiserie, au lieu de vingt ou trente chefs-d'Å“uvre absolus qu'il
nous laisse — que reste-t-il de Béranger ? — il eut été le La Fon-
taine delà chanson, c'est-à-dire l'inimitable et le seul. »
   Et, parlant des poètes de Lyon, et de la race si éminente de leurs
penseurs et de leurs philosophes, Mariéton dit :
   « On peut, en effet, répartir en deux catégories la famille des
penseurs lyonnais : les Mystiques et les Philosophes. Philosophes,
ils le sont tous. Mais je prends l'acception du mot dans le sens
détourné pour mettre sous la même égide : Joséphin Soulary, Che-
navard, le grand peintre, et Jean Tisseur, qui fut le complément,
l'âme elle-même de ce trio de fins esprits. Son départ l'a déséqui-
libré... Je puis y ajouter encore Louisa Siéfert.
   « Et voilà, d'un autre côté par la mort de de Laprade que le
groupe des mystiques, n'a plus même de représentants. C'étaient
Ballanche, Quinet, Flandrin, Barthélémy Tisseur, Blanc de Saint
Bonnet, de Laprade et Ozanam. Où sont-ils maintenant tous ceux-