Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
 18                        LA R E V U E     LYONNAISE

 que vous toucherez à l'ordinaire au terme préfixé. N'abusez point de cette grati-
fication, au contraire prenez de loin vos mesures pour vous mettre en état de
faire aisément par vos épargnes les frais d'un nouvel habit, lorsque vous en
aurez besoin. Nous avions, suivant que vous nous le marquiez, adressé d'abord
le paquet à M. Godo marchand à Troyes pour le faire tenir à Madame Munier
marchande à Bar-sur-Aube, mais le commis du bureau a réformé cette adresse,
et nous a dit que celle de la dame Munier suffisoit parce que le carosse sans pas-
ser par Troyes alloit directement à Bar-sur-Aube. Je finis par vous recom-
mander de vous souvenir de nous dans vos prières et de continuer à bien remplir
vos devoirs de religieux. Adieu, toute la famille vous souhaite une parfaite
santé, et moi surtout qui suis votre affectionné père.
                                                      DE LA MONNOYE.




                                       XVIII
                                                    A Paris, le 9 juillet 1725 1.
   Votre lettre, mon cher fils, m'a fait beaucoup de plaisir. J'y ai reconnu des
sentiments tels qu'un enfant bien né les doit avoir pour un père, et pour une
mère qui dans l'occasion n'ont jamais manqué, et ne manqueront jamais de lui
donner des marques de leur bonté. J'ai été fort édifié de vous voir inquiet sur ce
que vous aviez appris que votre mère bien loin d'être établie étoit toujours dans
une extrême langueur, jusque-là qu'elle avoit été attaquée d'une espèce de para-
lysie qui lui avoit affoibli l'usage de sa langue et de ses mains, en sorte qu'elle
ne prononçoit pas librement et qu'elle ne pouvoit presque rien tenir qui ne lui
échapât. P a r bonheur cela n'a pas duré. 11 y a déjà d u t e m s q u e ses forces lui
sont un peu revenues, et je suis persuadé que hors sa surdité, qui est un mal
sans remède, il ne lui seroit peut-être point resté d'indisposition si le tems avoit
été plus favorable. Elle n'a pas pourtant laissé de faire ses fonctions avec assez de
liberté, et de prendre soin de donner depuis plus d'un mois des nouvelles de sa
santé à votre sœur capables de la rassurer. Elle lui a non seulement fait écrire,
elle lui a elle-même écrit et vous devez, à l'heure qu'il est, vous et votre sœur
être là dessus dans un plein repos. Reste présentement à vous parler de votre
pension échue le premier de ce mois. Je suis surpris que vous ne m'en ayiez pas
touché un mot. A la vérité on m'a proposé il y a longtems de la part de
madame Petitot que si je voulois, lorsque le terme seroit arrivé, compter les
dix-huit francs à l'un de messieurs ses fils qui est ici, elle ne manqueroit pas
de vous faire tenir pareille somme. J'ai accepté la proposition avec joie t et
j'avois lieu de croire qu'on vous en avoit donné avis. Il y a en effet bien de
l'apparence que vous vous attendiez à être payé par cette voie puisque vous ne
m'en marquiez aucune pour y pourvoir. Gomme j'étois prest.à vous écrire pour
vous demander la raison de votre silence sur cet article, ce M. Petitot que je
vous ai dit qui étoit ici est venu me trouver et m'a témoigné que si je voulois lui
compter les dix-huit francs dont il s'agit, il en écriroit aussitôt à Dijon afin qu'on
prît soin de vous en faire tenir tout autant à Aussonne. Je lui comptai cette


  i Charles de La Monnoye était alors à Auxonne;