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             L E T T R E S DE B E R N A R D DE LA M O N N O Y E                     19
somme hier dans le moment, et je vais actuellement lui envoyer cette lettre
qu'il adressera dans une des siennes à Madame sa mère laquelle vous la fera
tenir, et mettra ordre à vous faire payer, si vous n'êtes déjà payé. Une autre
fois pour éviter tout embarras souvenez vous de m'écrire lorsque le terme de
l'échéauce approchera, et de me marquer ce que je dois faire touchant ce paye-
ment afin que j ' y satisfasse à point nommé. Quoique les billets de banque aient
fort dérangé mes affaires el celles de la famille, j'espère cependant être par moi,
ou par votre frère toujours en état de vous donner le secours promis. Vous ne
me dites rien, comme les autres fois, de vos exercices à la prédication. Il me
paroit néanmoins qne les occasions n'auroient pas dû vous manquer d'acquérir de
ce côté là quelque réputation dans le lieu où vous êtes et où l'on ne vous a
jamais ouï. Vous m'en ferez savoir des nouvelles quand vous m'écrirez. Votre
mère qui, comme je vous l'ai marqué, se porte mieux, se recommande à vos
prières. Votre frère a beaucoup souffert d'un long et douloureux rhumatisme.
Sa santé présentement est assez bonne. J'en dis autant de celle de sa femme et
de son fils, ils vous saluent tous. Pour moi à mes yeux près qui dépérissent je
suis en assez bonne disposition malgré l'âge de quatre-vingt-cinq ans où je viens
d'entrer. Adieu, priez pour moi. Je vous embrasse et suis, mon cher fils, votre
très affectionné père.
                                                       DE LA MONNOYE.




                                        XIX
                                                      A Paris, le 8 octobre 1725.
   On a eu trop bonne opinion de moi, mon cher fils, lorsqu'on m'a cru capable
de renfermer en deux vers le détail que vous me marquez. Il vaudroit autant
m'inviter à mettre la mer dans une coque de noix. L'un ne se pouvant non plus
que l'autre, j'ai cru, dans cette multitude d'idées qu'on me proposoit, devoir
m'arrêter aux deux principales ; savoir, à l'ancienneté du château rebâti, et aux
embellissements qu'on y a faits i . C'est ce que j'ai tâché d'exécuter dans le dis-
tique suivant :

                Trausmissam instaurants ab avis GAKXERIU;; arceau
                Reddidit liane validamque foris, intusque decoram.

   Voilà ce que je soumets au jugement des personnes qui vous ont engagé à
m'écrire. Je souhaite pour leur satisfaction et pour mon bonheur que l'inscription
ait de quoi leur plaire. J'ai fait ici vos recommandations. On vous en fait de
réciproques, et l'on vous demande la continuation de vo3 bonnes prières, dans
lesquelles je suis bien persuadé, mon cher fils, que vous n'oublierez pas votre
très affectionné père.
                                                      DE LA MONNOYE.



   1 Le château d'Auxomie, qui date de Louis XII et de François I " , mais qui fut
restaure plusieurs l'ois, est-il l'objet (le ce distique? Peut être. Mais on ne saurait
l'affirmer. Ou serait tenté de penser qu'il s'agit plutôt du château d'un particulier.