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12 ' LA REVUE LYONNAISE qui d'ordinaire [y sont attachées, en adouciront la fatigue. Gela d'ailleurs vous donnera de la considération parmi les religieux vos confrères, sans que vous deviez néanmoins en tirer de la vanité. La grande vertu d'un vrai disciple de saint François, c'est l'humilité. Les louanges qu'on nous donne sont assez souvent un effet d'une complaisance flateuse. Telles sont celles que vous avez lues dans l'ar- ticle du Dictionnaire où il est parlé de moi. Rien ne m'humilie davantage que des éloges dont je me reconnois indigne. Une des choses qui me plaît le plus dans votre lettre, c'est l'endroit où vous me témoignez que sans vouloir vous plaindre de la nature qui vous a refusé les talens dont elle a été si libérale à ses favoris, vous serez content de votre portion d'esprit, si dans l'état où il a plu au Seigneur de vous appeler, elle peut vous suffire pour opérer votre salut. J'aime à vous voir dans ces sentimens, et je vous exhorte de tout mon cœur à persévérer. De mon côté, malgré la diminution considérable de mes revenus et la lenteur de mes débiteurs à me payer, je ne vous discontinuerai point les secours une fois promis pourvu qu'il ne vous arrive plus de les excéder comme vous avez fait l'an passé. Et pour vous faire voir que je suis parfaitement bien intentionné à votre égard vous saurez qu'il y a plus de trois semaines que j'ai recommandé à M. Petitot de voug faire tenir vos dix-huit francs des premiers six mois de cette année, par la voie que vous lui indiqueriez. C'est donc à vous à la lui indiquer, afin que • vous puissiez toucher sûrement cette somme. Adieu, souvenez-vous de la défé- rence que vous devez à vos supérieurs. Votre mère, votre frère, votre belle-sœur vous souhaitent une parfaite santé, de même que moi qui suis votre très affec- tionné père. DE LA. M O N N O Y E . IX A Paris, le 6 juillet 17.... (La date est effacée.) J'ai cru, mon fils, ne devoir pas différer à vous faire réponse, afin que vous fussiez en repos touchant la commission que vous m'avez donnée. Le Bréviaire que vous souhaitez fut acheté samedi dernier, deuxième de ce mois. Il me paroît bien conditionné, et je pense que vous en serez content. Je le fis empaqueter en ma présence et ne croyant pas qu'il fût besoin d'y mettre une autre envelope, j'écrivis votre adresse dessus. Pour plus de propreté néanmoins, votre mère a jugé à propos de couvrir de toile le paquet. Il ne partira que samedi prochain pour arriver à Bar-sur-Aube le mécredi de la semaine suivante, c'est-à -dire le treizième de ce mois. Le Bréviaire, comme vous l'avez marqué, a coûté vingt- deux livres, et le port d'ici à Bar-sur-Aube vingt quatre sous seulement, en sorte qu'il reste sèze sous de bon que je prierois Mr Petitot de vous faire tenir avec votre pension des six derniers mois de cette année, si je n'étois persuadé qu'à l'heure qu'il est vous avez touché l'argent de cette pension. Cela étant il faudra remettre le payement de ces sèze sous au commencement de l'année prochaine. Mon œil droit n'est ni pis ni mieux qu'il étoit la dernière fois que je vous écrivis. Le gauche fait assez bien son devoir. Votre mère, votre frère et votre belle-sœur se recommandent à vos prières. Ils vous souhaitent tous une parfaite santé de même que moi qui suis votre très affectionné père. DE LA MONNOYE.