Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
                   UN LYONNAIS : FRÉMONT                            577
les régions de l'Amérique. Mais le sujet est inépuisable, et on ne se
lasse pas d'étudier ce qui tient aux mœurs étranges, aux qualités
singulières de ces peuplades primitives contre lesquelles la race
européenne est en lutte depuis trois siècles, et qui, peu à peu
refoulées aux extrémités d'un continent qui leur a appartenu, s'af-
faiblissent d'âge en âge et diminuent de telle sorte qu'on peut pré-
voir le temps où elles seront anéanties.
    A l'ouest des montagnes Rocheuses, M. Frémont a vu plusieurs
de ces peuplades réduites à un profond état de misère, sans indus-
trie, sans commerce, sans récoltes agricoles, ne vivant que de
plantes sauvages, de racines, d'herbes et d'insectes.
    Sur la côte californienne, entre San-Diego et San-Francisco, il
 y a d'autres Indiens presque aussi misérables. Ceux-ci sont le plus
 souvent à peu près nus. Les plus opulents se parent d'une casaque
 faite avec des courroies de peaux de lièvres ou de loutres, tressées
 grossièrement. Les femmes portent un tablier de roseaux qui s'at-
 tache à ia taille par un cordon, et tombe jusqu'aux genoux. Ils
 fabriquent, avec des bottes de joncs de dix pieds de longueur, des
 espèces de radeaux avec lesquels ils ne craignent pas de s'aventu-
 rer sur les rivières. C'est peut-être le procédé de navigation le plus
 primitif et le plus grossier qu'on ait jamais découvert.
     Ces Indiens se font, comme ceux de l'Amérique du Nord, des fé-
 tiches de bois et de pierre, mais ils ont un autre culte plus grave. Ils
 adorent la vieillesse. Ils choisissent, dans leurs villages, un vieil-
 lard, l'élèvent à la dignité de Dieu, et lui offrent les prémices de
 leurs chasses et de leurs moissons. Lorsqu'une guerre éclate, entre
  eux et leurs voisins, ils transportent sur un monticule ce patriarche
  idolâtré, l'entourent d'une forte palissade, le défendent ardemment
  contre les attaques de l'ennemi, et se font ainsi les dieux tutèlaires
  de leur divinité élective.
     En 1845, à la suite d'une troisième expédition non moins hasar-
  deuse que les précédentes, M. Frémont se trouvait de nouveau sur
  les confins de la Californie, quand la guerre éclata entre les États-
  Unis et le Mexique. Il fut appelé à prendre part à cette lutte, et s'y
  jeta bravement avec ses fidèles Canadiens. En moins d'une année,
  la Californie, dont on ne connaissait point encore les richea pla-
   cera, fut enlevée au Mexique. M, Frémont aida puissamment à cette