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FELIBRIGE 189 Golombette monta tout doucement comme une fourmi. Quand elle arriva sur le seuil du paradis, elle vit le bon Dieu. — Seigneur-Dieu, votre servante! lui dit-elle. Je suis la pauvre Golombette, vous le savez. Mon mari trouve trop dur le pain que je lui ramasse de porte en porte ; je viens vous prier afin que vous lui envoyiez du pain tendre. — Golombette, répondit le Seigneur, vous aurez du pain tendre à votre faim. — Grand merci ! dit la pauvre femme. Votre servante! Et elle descendit jiour vite venir informer son mari que tant qu'ils auraient faim, ils auraient du pain tendre. Et ils mangèrent du bon pain tendre avec grand appétit. Quelques jours se passèrent. — Golombette, lui dit encore Jean-la-Grogne, si j'étais toi, j'irais demander qu'avec ce bon pain blanc si tendre, nous eussions un peu de viande à faire cuire le dimanche. Et la bonne femme monta de nouveau. — Seigneur-Dieu, reprit-elle, envoyez à mon mari, avec ce bon pain blanc si tendre, un peu de viande le dimanche. — Vous aurez de la viande tant qu'il vous en faudra pour le dimanche, ré- pondit le bon Dieu. Et cela se fit. Golombette fut heureuse, et elle rendit grâce à Dieu; et son mari, le dimanche, ne fut pas de si méchante humeur ! Un autre matin: — Golombette, lui dit-il, ah ! si j'étais toi, je monterais pour voir si le blé qui avait un épi si bien formé, a bien fleuri et a bien rnûri. Et par la même occasion je demanderais un peu plus de viande avec accompagnement de quelque morceau fin les jours de fête et de dimanche. Couloumbeto mountè plan-plan couine uno fournigo. E quand arribè sus lou lindau dôu paradis, veguè lou bon Dieu. — Segnouv-Diéu, ié digue, vosto servênto! Siéu la pauro Couloumbeto, lou sabès. Moun orne atrobo trop dur lou pan que i'acampe de mas en mas : vène vous prega pèr que ié mandés de pan tendre. — Couloumbeto! — ié respoundeguè lou Segnour, aurés de pan tendre tant qu'aurès fam. — Gramaci ! digè la pauro femo. — Vosto ser^ènto! E davalè pèr lèu veni dire à soun orne que tant qu'aurien fam, aurien de pan tendre. E manjèron de bon pan tendre emê grand apetis. Qà uqni jour après : — Couloumbeto ! — ié digue mai Jan-la-Reno, — s'ère tu, i'anariéu demanda qu'em'aquéu bon pan blanc tant tendre, .aguessian un pau de car pèr bouta couire lou Dimenche. E la bravo femo escale mai : — Segnour-Diéu, faguè, mandas à moun orne em'aquéu bon pan blanc e tant tendre, un pau de car pèr lou Dimenche. — Aurès de car tant que vous n'en faudra pèr lou Dimenche, ié respoundeguè lou bon Dieu. Ço que fugué. Couloumbeto èro countènto e rendié grà ci à Dieu ; e soun orao, lou Dimenche, èro pas tant renous. Un autre matin : — Couloumbeto ! ié digue mai, ah ! s'ère tu mountariéu pèr vèire se toun blad, qu'a tant bon espigvj, a bèn rôouri, se s'èi bèn amadura. Em'aco demandariéu un pau mai de bouta-couire, em'un pau de moussèu tin, fèsto e Dimenche.