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150                    LA R E V U ] - :       LYONNAISE

pourrait prendre pour étudier aujourd'hui la philologie, si l'on ne
possédait les textes que dans l'orthographe euphonique.
    Au risque de ruiner d'avance, dans l'esprit des doctes, tout ce
que j'ai pu faire de recherches et d'études, je me suis déterminé à
user quelque peu de l'orthographe étymologique *. Sans doute, si
l'on avait à étudier ici l'idiome de quelque peuplade de la mer du
Sud, on serait impardonnable de chercher autre chose que l'ex-
pression la plus simple et la plus exacte des sons. Mais l'excuse
de mon crime est dans ce fait que tous les mots patois qui trouve-
ront place dans la présente phonétique ont des étymologies à peu
près indiscutables, et que la plupart d'entre eux ont déjà été em-
ployés par nos auteurs patois sous des orthographes assez diverses,
mais enfin qui toutes, dans une certaine mesure, indiquent les
origines du vocable. Bien entendu que cette orthographe ne sau-
rait être rigoureusement logique. On ne saurait avoir cette pré-
 tention de représenter exactement les sons prononcés à telle ou telle
 époque du temps jadis, car l'on ignore à quels moments et dans
 quel ordre telles ou telles lettres ont cessé de se faire entendre. Il
 est même probable que cela s'est fait fort irrégulièrement, et que
 Gautier, au Gourguillon, disait encore chantar, que Garguille, à
Millery, disait déjà chanta. Possible même que Garguille et Gau-
 tier fussent du même village. Mais qui diable aurait la prétention de
 rien faire de rigoureux en ce monde ? En orthographe comme en
 autre chose tout est une question d'usage et de mesure. « On ne
 vous dit pas de ne pas battre votre femme, répondait avec douceur
 le président à un prévenu, mais il ne faut pas l'assommer ! »

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   Admettant d'ailleurs que j'ai tort, suffit que mes lecteurs lyon-
nais tant soit peu familiers avec le patois comprendront mes tex-
tes, ce qui serait absolument impossible si on leur mettait sous les
yeux, par exemple, les signes diacritiques, hiéroglyphiques, caba-
listiques, fantastiques, avec lesquels le savant M. Haëfelin, docteur

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   M. Ghabaneau n'a pas non plus suivi l'orthographe purement phonétique dans sa
Grammaire   limousine.