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HUMBLE ESSAI DR PHONÉTIQUE LYONNAISE 151
en philosophie, membre honoraire de la Société d'histoire et d'ar-
chéologie du canton de Neuchâtel, a transcrit les rondes et les
chansons du patois de Fribourg, qui ressemble pourtant de si près
au nôtre 4.
L'orthographe étymologique, même appliquée aux patois, peut
rendre des services. Ceux de nous qui habitent la campagne savent
que, dans divers endroits, on appelle abau un petit gerbier en forme
de toit. Or, Amsabau nous lisons facilement une l devenue waprès
a, ce qui représente un primitif abat, comme cbiviau représente
un primitif cheval, marichaw,un primitif maréchal, etc. Cet abal,
nous le rencontrerons encore existant au même sens dans le patois
dauphinois où l'évolution ne s'est pas accomplie, et par abal nous
serons conduits au verbe aboli qui, en Dauphiné, signifie abriter.
Abalinous conduira à ad-bajulare par une des nombreuses déri-
vations de sens qu'a subies ce verbe, devenu synonyme de gouver-
ner, conserver, abriter, réserver. Que si nous nous étions contenté
de transcrire phonétiquement au par o, et d'écrire abo, impossible
au lecteur de lire dans les lettres l'origine du mot. Or, l'origine
des mots en éclaire parfois le sens, et sa connaissance, en tous cas,
procure toujours à l'esprit une satisfaction dont il est bon de ne pas
se priver.
Mais tout en employant une orthographe étymologique, il n'est
pas sans utilité de faire connaître les lettres qui ne se prononcent
plus. Pour ce faire, nous nous contenterons de les mettre entre
parenthèses, comme on ferait par exemple dans les mots français
suivants : lou(p), j'aimerai(s), ils aimerai(ent), etc.
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Je me hâte de dire que les philologues français, tels que MM. Gilliéron et Cornu,
qui se sont occupés des mêmes patois, ont employé uue graphie, qui hien que pure-
ment phonétique, est beaucoup plus claire, tandis que M. Ayer, qui a inventé une
orthographe étymologique, toujours pour les mêmes dialectes, est peut-être encore
moins compréhensible à J'œil du simple mortel que M. Haè'felin. Je crois qu'en telles
occurrences, lorsque l'oa possède quelques documents qui fournissent déjà une tradition
écrite, le mieux est d'innover le moins possible.