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H U M B L E E S S A I DE P H O N É T I Q U E L Y O N N A I S E 149 ne me semble pas abolument mauvaise. Je dois cependant ajouter que j'aurais à ma disposition les caractères idoines que je ne ferais pas autrement, par cette autre bonne raison que le lyonnais n'a ni sons ni articulations spéciaux, et que les lettres usitées en français suffisent amplement à les transcrire1. Pour le surplus, il ne me chaut guère que l'articulation ch, par exemple, soit représentée par une lettre au lieu de deux. Il me suffit que mon lecteur sache que ch se prononce ch. Mais la question n'est pas résolue tout entière. En admettant que nous puissions transcrire tous les sons avec des signes français, reste à savoir s'il faut ou non écrire uniquement ce qui se prononce, supprimant tout ce qui ne se prononce pas. En d'autres termes, s'il s'agissait de français, faudrait-il écrire avec L ' O R T H O G R A P H E DES A N E S Singulier : il chantait ; plur : ils chantaient. Ou avec L'ORTHOGRAPHE DES SAVANTS Singulier : il chanté ; pluriel : il chanté. (Ce qui ne me semble pas fait pour faciliter l'intelligence des textes). Les philologues ne toléreraient pas le choix. L'un d'eux, fort distingué, et qui n'est d'ailleurs en cela que l'écho des maîtres, écrivait naguère : « Nous ne devons ni ne pouvons créer au patois « une tradition orthographique : D'abord ce serait le doter fort « mal à propos d'un embarras qui est regrettable pour la plu- « pa'rt des langues littéraires, et principalement pour le fran « gais... » J'avoue que la dernière partie de la phrase me semble un petit peu roide. Même que je me demande comment l'on s'y 1 II n'en irait pas ainsi pour des patois même très rapprochés de nous, tels que le patois du Bugey, par exemple, ou SJ trouvent des articulations analogues à celles du th anglais. FÉVRIER 1884. — T. VII. 10