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                       T R O I S I È M E [VOYAGE A É R I E N                             29

   « Une carte instructive pour l'ordre qui doit être observé aux
Brotteaux », gravée par Meunier, fut imprimée et distribuée en
abondance, en prévision de l'énorme affluence de spectateurs
qu'attirerait l'expérience. Cette carte indiquait l'enceinte du bal-
lon et les places réservées « aux voitures non renvoyées » '.


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     A cette époque, le pont Morand, primitivement désigné sous le nom de pont Saint-
 Clair, construit en 1774, était, avec le pont de la Guillotière, la seule et récente
communication avec les terrains vagues des Brotteaux, qui appartenaient au nord,
à la famille Lambert ; au sud du pont, en partie aux hôpitaux, en partie à d'autres
propriétaires, tels que les P P . jésuites de la maison de Saint-Joseph qui rétrocédèrent
du reste aux hospices leurs propriélés des Brotteaux dés 1735. Tous ces terrains
étaient en cultures ou eu broussailles (broteaux). L'Hotel-Dieu fit construire en 1765,
une maison au bout de la plantation d'arbres qui faisait suite au pont Morand sous
 le nom de Grande-Allée, derrière cette maison était un pré appartenant au sieur
Morand; c'est là où le ballon alla tomber comme on le verra plus tard.
   L'une des gravures de l'expérience aérostatique donne cette indication : « vue prise
 du pavillon méridional du sieur Antonio Spréafico, aux Brotteaux. »
   Ce Spréafico était un limonadier qui, l'un des premiers, vint s'établir dans les envi-
rons de l'Elysée Lyonnais. Il eut un nombre considérable d'enfants, parmi lesquels
M mo Grand, femme du propriétaire du café de ce nom sur la place des Terreaux,
célèbre par sa beauté, (on l'appelait la belle M e Grand) et la part, qu'emportée par ses
sentiments royalistes et la fougue de son tempérament d'Italienne, elle prit au début
de la réaction sanglante contre les Jacobins après le 9 thermidor. Ses deux fils furent
Antonio et Charles Grand, ce dernier si longtemps à la lête du café de la Jeune-
France, puis au restaurant du Parc; ils étaient bien connus à Lyon, le cadet, surtout,
un des derniers grands nageurs de Lyon.
   La maison d'Antonio était une assez grande construction, avec grille d'eulrée etjardin,
où se débitaient force glaces et limonades italiennes. L'emplacement de cette maison,
détruite depuis une trentaine d'années, est à l'intersection nord de la rue Bossuet et
de la rue de Gréqui. Un restaurant de troisième ordre l'a remplacée. Les rues Bossuet
et Cuvier n'existaient qu'à l'état de projet; c'étaient des terrains vagues, et des croisées
et des mansardes de la maison d'Antonio, on voyait parfaitement vers la gauche
l'enceinte du ballon, protégée par une double barrière où circulait la maréchaussée
à cheval.
   Au moyen de la carte gravée par Meunier, pour laquelle on fit servir des épreuve»
du plan distributif des terrains des Brotteaux, donné en 1780 par l'architecte Morand,
nous avons pu préciser d'une manière absolue l'emplacement de l'enceinte d'où partit
le ballon, marquée sur cette carte, dans l'axe, très légèrement infléchi à gauche, de
la rue Neuve, à sa rencontre avec l'axe de la rue actuelle de Vendôme.
   C'est à trois mètres environ en avant de la troisième colonne nord du péristyle
de l'Église Saint-Pothiu, à l'intersection de la rue de Vendôme et de la rue Bugeaud,
que nous avons pu fixer le centre moyen de l'enceinte elliptique d'où partit l'aérostat
monté par Montgolûer et ses courageux compagnons.
   A l'aide de l'excellent Catalogue de la Bibliothèque Cosle, section de la Biblio-
thèque de la ville de Lyon, rédigé en 1853 avec une méthode si sûre et une exacti-
tude complète par M. A. Vingtrinier, aujourd'hui bibliothécaire de la ville, nous
avons pu retrouver cette pièce peut-être unique, et déterminer exactement cet
emplacement jusqu'à présent ignoré de nos contemporains.