Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
[ Revenir aux résultats de la recherche ]
page suivante »
30                   LA R E V U E LYONNAISE
   L'enveloppe du ballon, construit sur les indications et sous la
surveillance de Montgolfier, était formée de deux toiles d'étoupe,
entre lesquelles avaient été piquées trois feuilles de papier froissé.
Ces matériaux grossiers rendaient le ballon très lourd ; l'un des
aèronautes, Pilâtre de Rozier, le héros de la première ascension à
ballon perdu, proposa à Montgolfier de refaire, en toile de coton, la
partie supérieure de l'aérostat, et de l'entourer d'un filet. L'inven-
teur y consentit, et, le 15 janvier, on essaya le gonflement qui fut
effectué en dix-sept minutes. Deux heures après le commencement
de l'opération, la galerie étant chargée de six personnes, le ballon
s'enleva tout à coup d'environ un pied de hauteur, et les voyageurs
d'occasion risquèrent une ascension prématurée.
   Quelques jours auparavant, le savant physicien de Saussure
avait fait de curieuses expériences sur les températures de l'air
chaud correspondant à divers degrés de gonflement, et constatées à
des points différents de l'intérieur de l'aérostat. Ces observations
furent consignées dans le Journal de Lyon, livraison de février
1784. Peu après, un incendie se déclara dans l'enceinte construite
aux Brotteaux pour les préparatifs de l'ascension, et faillit tout
compromettre. Quarante-huit heures avant le jour fixé, la neige
tomba avec abondance, couvrit le ballon, le mouilla en fondant; la
gelée survint qui l'endommagea plus encore, et c'est dans ces con-
ditions défavorables qu'eut lieu le départ de l'aérostat.
   On avait, dès le matin, augmenté les cordes de retenue : l'expé-
rience avait appris aux ouvriers chargés de faire chauffer l'air
intérieur du ballon à opérer avec plus de mesure, et le lundi,
19 janvier 1784, a u n e heure moins quelques minutes, cet im-
mense globe, qui avait quarante-trois mètres de hauteur sur
trente-cinq de diamètre, s'éleva majestueusement dans les airs, au
milieu des acclamations d'une foule immense transportée d'en-
thousiasme.
   La forme de l'aérostat était celle d'une sphère soutenue par le bas
par un cône renversé et tronqué, lequel portait la galerie, si avan-
tageusement remplacée de nos jours par la nacelle, qui laisse aux
aèronautes toute leur liberté d'action. La calotte supérieure du
globe était blanche, le reste grisâtre, de larges bandes d'étoffes
de laine) de couleurs diverses, disposées en cercles, formaient le