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BIBLIOGRAPHIE 609 C'est encore du Kandjour que M. Feer s'occupe aujourd'hui, et après en avoir publié l'analyse, il nous en offre des extraits, classés sous huit rubriques diffé- rentes : histoire, discipline, dogme, morale, transmigrations, prodiges, Dhâranis et mantras (invocations et prières éjaculatoires), et stances, qui, sans suivre l'ordre delà vaste compilation bouddhique, nous en fait connaître les principaux éléments. Les quatre cinquièmes de ces textes sont inédits; les autres ont été publiés déjà dans divers recueils, mais les lecteurs seront heureux de les trouver réunis et coordonne's ; sans vouloir entrer dans la voie d'interprétations, fort in- téressantes sans doute, mais qui auraient étendu démesurément son ouvrage, l'auteur donne, sur quelques points plus spécialement difficiles, des notes e x - plicatives ; un appendice, contenant la traduction de plusieurs textes pâlis, corres- pondants à ceux dont la traduction forme le gros du volume, établit l'unité de la doctrine dans les différentes littératures bouddhiques ; enfin une table ana- lytique, facilitant les recherches, termine le plus utilement possible ce recueil. En constatant le bienveillant accueil fait par le monde savant au travail de M. Feer, nous devons rappeler à l'auteur, avec quelle impatience est attendu l'Abrégé du Kandjour dont nous avons soigneusement enregistré la promesse, et qui viendra si heureusement couronnerses savantes et longues études sur ce livre. G. SANLAVILLE. LA RUSSIE ET LES RUSSES. KIEW et Moscou. Impressions de voyage, par VICTOR TISSOT. Un beau volume grand in-8 - , enrichi de nombreuses gravures • dans le texte et hors texte. Prix: 20 francs. — Paris. Librairie Pion, 10, rue Garancière. 1884. Quel sujet comporte mieux l'illustration que les voyages? Et combien les g r a - vures encastrées dans le texte servent à son intelligence, non plus les reproduc- tions fantaisistes de paysages et de personnages imaginaires, telles qu'on les ren- contrait trop souvent autrefois, mais l'expression fidèle des costumes, des habitations, des sites, telle que seule la photographie, appuyée par les procédés artistiques qui la secondent, est à même de la donner. A vrai dire les récits de M. Tissot, si imagés, si parlants, se suffiraient à e u x - mêmes. Grâce à lui, nous connaissons maintenant, sans avoir quitté le coin de notre feu, l'Allemagne des milliards, les pays annexés qui portent en frémissant son joug brutal, Vienne, la voluptueuse, la Hongrie, le pays des Tsiganes qu'il nous a, pour ainsi dire, révélés. Une géographie eût été impuissante à nous don- ner de ces différentes contrées une idée juste et précise. Aujourd'hui c'est en Russie que M. Tissot nous transporte, dans ces vastes contrées intermédiaires entre l'Europe et l'Asie, si fécondes en surprises pour le voyageur occidental, si étranges dans leurs mœurs primitives. Deux cent cinquante gravures, dont la plupart sont l'œuvre de Pranischnikoff et de F . de Haenen mettent à chaque page sous nos regards charmés l'image fidèle des tableaux que trace, d'une ma- nière saisissante, la plume de l'écrivain. Leur fidélité ne saurait être contestée, beaucoup d'entre elles n'étant que la reproduction de photographies, prises par M. Tissot au cours de son voyage. On comprend l'intérêt puissant qui s'attache à une œuvre de ce genre d'autant qu'elle a pour sujet un peuple qui est notre ami et notre allié naturel, et avec