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608 LA R E V U E LYONNAISE à peu dépouillée par les âges suivants où le scepticisme remplaçait la foi religieuse, iusqu'au jour où Praxitèle osa le premier l'exposer aux yeux des Grecs dans sa triomphante nudité. On comprend facilement l'importance et l'utilité de cet ouvrage pour l'artiste, pour le lettré, pour l'homme du monde qui veut s'initier à la connaissance rai- sonnée du beau. Il aide à faire éviter les anachronisihes, les^fautes dégoût, pour lesquelles l'impitoyable critique est si sévère de nos jours où l'on veut la réalité, non seulement dans la peinture des choses contemporaines, mais encore dans l'interprétation des époques les plus reculées de l'histoire. II. Il y a peut-être encore plus de recherches et de science dans Monnaies et Médailles de M. Lenormant. C'était une entreprise difficile que de condenser toute la numismatique en un seul volume, alors que les cent cinquante figures dont il est orné rétrécissent singulièrement l'espace réservé au texte. Si c'était un tour de force, il a réussi. L'auteur prend l'art du monnayage à ses débuts, au mo- ment où l'on cesse de peser le métal employé dans les transactions, et il le suit jus- qu'à nos jours. Chemin faisant, il examine une foule de questions historiques, celle entre autres de savoir quels sont les premiers, des Grecs ou des Lydiens, qui ont eu l'idée de véritables monnaies, et celle de déterminer si les anciens ont eu des médailles, dans le sens que l'on donne aujourd'hui à ce mot. A chaque époque, il étudie les procédés de fabrication, leurs qualités, leurs vices. Parmi les plus intéressants chapitres, je citerai ceux qui traitent des médailleurs italiens du seizième siècle, des médailleurs allemands de la même époque, et ce qui nous touche de plus près, des médailles et monnaies françaises. M. Lenormant ne peut évidemment entrer dans les détails : malgré cela, les grandes lignes de son œuvre sont complètes, et il atteint le but qu'il se proposait, il instruit son lecteur. On annonce pour la fin de l'année l'apparition de deux autres volumes : Y Art byzantin et la Peinture flamande. J'en rendrai compte à nos lecteurs dès qu'ils auront vu le jour. * C H . LAVENIR, ANNALES DU MTJSËE GUIMET, tome V ; fragmenta extraits du Kandjour, par M. LÉON FEEE. — Lyon, librairie Georg; Paris, E. Leroux, 1883 — Prix : 20 francs. M. Léon Feer, dans le second volume des Annales, nous avait déjà fait con- naître le Kandjour par la traduction d'une analyse qu'en avait publiée en 1836, à Calcutta, le voyageur Hongrois Alexandre Csoma. Csoma, par cet ouvrage, dans lequel il avait révélé au monde savant la littérature sacrée du Tibet, avait ouvert un champ d'études où beaucoup se sont lancés depuis lui, et où beaucoup, peut-être, sans les jalons qu'il avait posés sur leur route, se seraient égarés. Les travaux de ses successeurs ont ajouté aux renseignements qu'il avait fournis d'utiles détails, mais personne n'a osé et n'osera sans doute, d'ici longtemps, se lancer après lui dans une nouvelle analyse, plus développée, ou conçue sur un plan nouveau, des cent volumes de cette compilation énorme des canons sacrés tibétains connue sous le nom de Kandjour. L'analyse de Csoma est donc restée le résumé le plus fidèle et le plus complet du bouddhisme tibétain et de sa littérature, et les Annales du Musée Guimet ne pouvaient mieux nous initier à ces études que par la publication de ce travail. i h