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BIBLIOGRAPHIE 603
bibliographique de la Revue Lyonnaise et dans le Monde Lyonnais. Depuis lors
l'œuvre de M. Guérin a reçu une consécration en quelque sorte officielle : le
premier volume obtenait, en effet, l'année dernière, un des prix Monty on décernés
par l'Académie française. Et jamais récompense ne fut mieux méritée : jamais
pareil monument n'avait été élevé à la gloire du berceau commun des diverses
confessions chrétiennes.
C'est le complément de cette grande œuvre qui vient de paraître chez M. Pion.
Avant de la composer, l'auteur, qui avait tant de fois déjà , depuis trente ans,
exploré scrupuleusement l'Orient, a tenu à y retourner dans le but de terminer
certaines recherches entreprises, mais interrompues par suite de circonstances
diverses. Les tableaux qu'il fait sont donc d'une irréprochable fidélité. M. Guérin
connaît les moindres bourgades de la Terre-Sainte comme nos grimpeurs les
recoins les plus ignorés et les plus sauvages des Alpes et des Pyrénées. Il donne
à chacune sa physionomie propre : la Bible à la main, il retrouve l'emplacement
des localités dont il est question dans les Saintes-Écritures, et bien de fois, grâce
à l'immobilité des choses dans ces régions moins tourmentées que nos contrées
civilisées, il se rencontre que les traits avec lesquels les auteurs inspirés
ont caractérisé, tel ou tel site, se trouvent lui être encore merveilleusement
propres.
Et cependant la partie historique et archéologique de ce travail est d'une
lecture facile et attachante pour ces gens du monde. Le savoir n'y a rien de
pédantesque : on n'est point arrêté à chaque pas par un fatras tudesque de cita-
tions. Les discussions y sont d'une lumineuse clarté, les conclusions appuyées
d'arguments puissants qui entraînent l'adhésion.
Si, fait dans de telles conditions le récit d'un voyage exécuté dans n'importe
quelle partie du monde, nous intéresserait infailliblement, combien à plus forte
raison la description du pays d'où sont sorties nos croyances religieuses, et qui
a été le berceau d'un Dieu?
Que dirai-je maintenant de l'illustration de ce splendide volume? Quand on
ouvre le livre, on est comme ébloui de la profusion inouïe de gravures qu'on y
rencontre à chaque page. Et ceux mêmes qui sont au courant des choses de la
typographie se demandent comment il a été possible d'établir un ouvrage de ce
genre au prix relativement minime de cinquante francs. Le papier est blanc,
glacé, très fort : il fait très bien ressortir la finesse des gravures, la netteté des
caractères, le tirage irréprochable. Texte et images sont encadrés dans de larges
marges, indispensables à toute publication de luxe. Quant à la délicatesse et à la
parfaite exécution, les vingt-deux gravures sur acier ne laissent rien à désirer.
L'originalité de celles qui ont été gravées sur bois est des plus attrayantes ; un
grand nombre d'entre elles sont placées comme dans de riants carlouches, au
milieu des arabesques capricieuses que décrivent les plantes et les végétaux in-
digènes de la Terre Sainte. Du fouillis des branches qui. serpentent, s'entrecroi-
sent, émerge un tableautin représentant soit une grotte, soit la porte d'une ville,
soit quelque tour en ruines, soit une des mille scènes que, dans ses longues pé-
régrinations, l'auteur a eu sous les yeux.
Si je voulais tout dire, il me faudrait consacrer à ce livre un article entier.
Malheureusement le moment un peu tardif, auquel il nous est parvenu, me presse
et je crains d'excéder les limites accordées à une note bibliographique.
Si le premier volume de la Terre Saintes, eu un retentissant succès de librairie