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590 LA REVUE LYONNAISE guraient une prose charmante avec des Nouvelles très observées et très émues, et Tony Bergmann, un talent primesautier, avec ses fines esquisses (Ernest Staas, avocat). Loveliug et Bergmann ne sortaient guère de la nouvelle, très parnassienne de forme, tandis que Segers, Teuliack-Stijus et Pol de Mont abordaient de plus grands sujets. Quant aux poètes de la dernière période créée par Van Beers, ce sont tous ceux qui fleurissent encore. Après le genre patriotique est venu le genre populaire. La ligue des démocrates attirait à l'es- prit national un courant de libéralisme dont il se défendait jus- qu'alors. Van Beers est une sorte de François Coppéeflamand,il a dit sur le mode épique les peines et les joies des classes bourgeoises et de l'ouvrier. A côté de lui apparaissaient Vinglstèke, Pol de Mont, Goopmann, de la Montagne et tous les jeunes qui débutent à peine. « Si jamais on a parlé de la gloire d'un homme, « sous le chaume bien longtemps » continuait M. P. de Mont dans la lettre déjà citée, ce sera surtout à Conscience que ce vers d'un poète populaire en France pourra s'appliquer. Il était l'idole de tous. « En 1881 des milliers d'admirateurs l'ont conduit en triomphe parles rues de la capitale ; la Flandre tout entière s'était dépouillée de ses fleurs et de sa verdure pour en joncher la terre sur le pas- sage de son poète bien-aimé ; — au mois d'août dernier, Anvers inaugura sa statue de bronze, et un cortège de 183 sociétés, ac- courues de tous les points du pays, vint saluer l'image du maître; — mais ce qui peut seul donner une idée de sa popularité, ce sont les splendides obsèques que lui fit, le 16 septembre, sa ville natale, le berceau de Rubens et de Leys. « Tout ce que la Belgique néerlandaise compte d'hommes remar- quables en toutes les branches delà culture humaine, ses premiers artistes, la fleur de ses littérateurs, des personnages marquants de la politique, tant libérale que catholique, —tous étaient là , mêlés à la multitude innombrable d'hommes et de femmes du peuple, at- tendant le convoi funèbre de l'ami à tous, du « Père Conscience ». « Sur un parcours de près de deux heures, les spacieux boule- vards d'Anvers, étaient bondés de monde; la plupart des maisons étaient pavoisées; un crêpe voilait tous les réverbères, allumés en signe de deuil.