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                          LES FLAMANDS                             589
ment de l'idée primitive aux yeux de la nouvelle génération flamande
qu'il entraîna tout après lui.
   Voici ce que nous écrivait, après la mort du grand aïeul, un
de ses fidèles amis, M. Pol de Mont : « Cette langue, sa mèrel'avait
apprise au poète, en chantant près de son berceau ; c'était bien
d'elle qu'il devait se servir pour être compris des humbles et des
pauvres... La route était désormais frayée. Les pèlerins qui s'y sont
aventurés depuis sont légion. La Flandre a ses poètes, ses roman-
ciers, ses orateurs, ses critiques, ses dramaturges même. Elle a
jusqu'à son école nationale de musique, dont le chef, P. Benoit,
 a été applaudi à Paris...
    « Ce qu'opéra Conscience, se résume en deux mots : il fit appré-
cier le passé, aimer le présent, espérer et croire dans l'avenir. Il
 réveilla le culte des mœurs d'autrefois, vivifia la conscience na-
 tionale, en exhumant nos vieilles gloires militaires et artistiques;
 — en respectant ce que le peuple flamand respecte, et aimant
 ce qu'il aime ; la pureté du foyer domestique, la simplicité de ses
 moeurs, la foi des ancêtres enfin, il se conquit une place honorée
 dans la cabane du pauvre comme dans la maison du riche, et par-
tout, ici comme là-bas, il fit revivre le culte de l'ancien et riche
idiome national, l'amour de la patrie, l'espoir d'un avenir
glorieux.
    « Aujourd'hui, pas un coin de hameau, où l'on ne trouve sur le
 bois de la cheminée ou au fond du tiroir, quelques récits de Cons-
cience, de Snieders, de Lettermann, de Loveling, de Courtmans,
de Sleecks; pas de ville si insignifiante, qui ne possède son cercle
de flamingants, s'occupant tantôt de littérature, tantôt d'art dra-
 matique, pas de village si reculé de la Campe ou de la Hesbaye,
 où Ton ne s'émeuve à l'écho d'une parole imprudente échappée à
quelque contempteur haut placé de la Cause flamande.
    C'est qu'une véritable littérature s'ébranlait, représentée par des
 hommes certes dignes d'un plus grand cadre, mais se trouvant assez
 récompensés en servant la cause flamande. On vit Lettermann, un
pauvre ouvrier peintre en bâtiments, passionner la foule avec ses
 romans, ses drames populaires, Sleecks apporter une vigoureuse
note réaliste à la délicatesse générale du concert poétique où bril-
lait aussi Snieders, tandis que les sœurs Loveling, de Gand, inau-