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498                      LA REVUE LYONNAISE
Èro blanco e palo, èro bloundo         elle était blanche et pâle, elle était
                                       blonde maiscommeon l'est à Venise.
Mai coume à Venijso li soun.
Bloundo coume un lamp de toupàsi,         Blonde comme un scintillement de
La glôri d'un sant en estàsi,          topaze, comme le nimbe d'un saint
                                       en extase et les derniers rayons du
E li darriè trelus ddu jour,           jour, quand le soleil ferme les eils
Quand lou soulèu plego li ciho,        secouant l'or de sa dépouille devant
                                        Saint-Geo rge-le-Majeur.
Espôussant l'or de sa raubiho
Davans Sant-Jorge-lou-Majour.
Vesias lou nus, mau-grat.la raubo        On voyait le nu, malgré la robe
                                       qui sous les plis mouvants dérobe
Qu'à pichot pie mouvènt derraubo       sa beauté suprême, on voyait son
Sa beùta supremo, vesias               corps pur, qui avait l'harmonie d'une
Soun cors pur qu'avié l'armounio       déesse Ionienne, d'une statue de
                                       Phidias.
D'uno divesso d'Iounio,
D'uno estatuo de Fidias.
Coume se gounflo la marino,              Gomme s'enfle la mer se gonflait,
                                       hardie, sa poitrine; plein de désir
Boumbavo, ardido, sa peitrino ;
                                       et de respect, l'œil caressait sa belle
Plen de désir e de respèt,             hanche; vous auriez baisé ses mains
L'iue caressavo sa bello anco ;        blanches et embrassé ses petits
                                       pieds.
l'aurias poutouna si man blanco,
Faurias beisa si pichot pèd.
Sa beùta que me desvario                 Sa beauté qui m'égare, toutla long
                                       de la Mercerie je l'ai suivie comme
Tout de long de la Mercerio            un fou ; laissant un sillon de lu-
I eu l'ai seguido coume un fôu;        mière, elle perçait fière dans la foule,
                                       et ne semblait pas toucher le sol.
Leissant un regoun de lumièro,
Dins la foulo trancavo fièro,
Semblava pas touca lou sou.
Me sentièu près de la mascoto !          Je me sentais pris d'ensorcelle-
                                       ment I Son indolente allure avait la
Avié, soun inchaïento troto,           grâce souple du serpent. Ah! pour
La gràci souplo de la serp.            peu que durât le chemin, c'était un
Ah! pèr pau que lou camin dure,        enfant à vous conduire au paradis
                                       ou en enfer.
Èro uno enfant à vous coundurre
Au paradis o dis l'infèr.
Car èro piei d'aquéli femo,               Elle était enfin de ces femmes,
                                       sphinx d'allégresse ou bien de lar-
Esfins de joio o de lagremo,           mes, qui vous mettent dans l'éternel
Que sias dins l'etèrne soucit          souci de deviner ce qu'elles ont dans
De destria ço qu'an dins l'amo :       l'âme : mystérieuses, de flamme et
                                       de neige, la Mona-Lisa, la Cenci.
Misteriouso, nèu e flamo,
La Mona-Lisa, la Cenci.
Déjà veici la galanto ouro               Voici déjà, l'heure charmante où à
                                       volées se reposent les colombes sur
Qu'à vôu s'ajoucon li tourtouro
                                       les coupoles de Saint-Marc;
Sus li coupolo de Sant-Marc ;