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458 LA REVUE LYONNAISE échine pour baiser la botte de l'Arabe, en souvenir d'hier et par crainte de demain. En attendant, ils possèdent la moitié de l'Algé- rie et ils vont, d'une marche constante et sûre, à . la conquête du reste. Tel est le résultat le plus clair d'une occupation de cinquante années. C'est pour en arriver là que la France prodigue depuis si longtemps son or, la sueur de ses colons, le sang de ses soldats, la pauvre France dont les flancs nous portent, nous autres, depuis cent générations, que nous vénérons comme une aïeule, que nous chérissons comme une mère et dans laquelle ces ignobles adoptés de contrebande ne verront jamais qu'une sentinelle puissante et gratuite à la garde de leurs coffres-forts ! Les Maltais, généralement petits et bruns, ont le monopole de la pêche. Les émigrés des Baléares, plus grands et non moins bruns, ont le monopole du jardinage. Les Espagnols, de tailles variées, toujours bruns, et souvent aussi près du type arabe qu'on peut l'être d'un type d'aïeul, font du petit commerce et de la petite cul- ture. Ils occupent presque seuls, au commencement du faubourg Bab-el-Oued, un quartier considérable « la Gantera », où ils ont transporté les coutumes etles odeurs de leur patrie. Il est curieux de les voir aux fêtes de Pâques et de la Pentecôte, se répandre sur les rochers qui servent de plage, se livrer tout le jour à des orgies de gâteaux nauséabonds, cuits dans de l'anisette, et rentrer le soir, bras dessus, bras dessous, âges et sexes mêlés, aux sons chers à leurs cœurs de l'accordéon et de la guitare. Quand l'anisette a trop coulé ou que le soleil a trop chauffé, ils se cassent leurs ins- truments de musique sur la tête et échangent quelques coups de la navaja nationale, c'est presque dans le programme de la fête. Ils inspirent, surtout depuis les événements de Carthagène, de légitimes défiances et il serait prudent de les soumettre, avant de les admettre, à un éclectisme méticuleux. La Nurnancia a déposé à cette époque-là sur nos côtes algériennes une jolie cargaison d'échappés de bagne que notre philantropie légendaire a traités en belligérants et qui nous en remercient en nous servant, à toute occasion, des plats de leur ancien métier. L'année dernière, à Coléah, aux portes d'Alger, quatre gredins ont assailli, le soir, sur un chemin fréquenté, un ancien officier supérieur de l'armée française qui rentrait en voiture, ont massacré son domestique