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446                      LA REVUE LYONNAISE
   Enfin, Le Laboureur avait écrit aussi dans ses Mazures de l'Isle
Barbe (t. I, p. 131): « Le Souverain Pontife bénit la rose d'or, par-
fumée de musc et de baume, qu'il donnoit autrefois à la personne
la plus qualifiée qui se trouvoit. alors en la ville de Rome, et, à ce
titre, Jeanne, reine de Naples, s'y estant rencontrée avec Pierre, '
roy de Chypre, elle lui fut donnée par le Pape. Innocent IV se
trouvant à Lyon y fit la cérémonie, et donna la rose à l'église
Saini-Just, où elle est gardée et honorée d'un panégyrique annuel
qui se fait en ceste église après m'y caresme. »
    Comme on le voit par ce qui précède, la rose d'or de Saint-Just
existait encore dans ce monastère en 1761, quand Clapasson l'a dé-
crite, de visu, et elle avait échappé à l'avidité du baron des Adrets
lorsqu'il pilla et démolit de fond en comble ce monument religieux
fortifié comme un véritable château de la féodalité. Mats que devint
cette rose au moment où la Révolution fit main-basse, en 1792,
sur les trésors des églises? Elle s'en empara aussi, car on trouve
dans les registres du Directoire du district de Lyon, sous la date
du 29 janvier 1793, la mention suivante : « Il existe encore dans
les archives du district 144 marcs d'argenterie dorée qui n'a pu
être envoyée encore à Paris, avec une rose d'or du poids de
2 onces, 13 deniers et 5 gros. » Cette rose était évidemment celle
 du monastère de Saint-Just, et on peut admettre aussi, que déjà,
 elle avait été dépouillée par les agents du fisc des pierres pré-
 cieuses et de la cornaline qui l'ornaient. Seulement les registres
 du Directoire du district sont muets à cet égard, et on n'y voit fi-
 gurer aucun diamant ou autre pierre de prix; je veux bien croire
 que, d'après l'un des décrets de spoliation édictés par le triste pou-
 voir d'alors, on envoya à la Caisse de l'Extraordinaire à Paris,
 avec l'argenterie dorée, l'or et les pierres précieuses de nos Trésors
 et que l'argenterie ordinaire fut remise à l'hôtel de la Monnaie, à
 Lyon '.

   i Plusieurs décre's furent rendus sur cette matière. Celui du 1-4 mars 1794, rap-
pelant d'autres, disposa que « les diamants, pierres précieuses et autres bijoux montés
ou non montés seraient réservés. » — Un autre décret du 24 février 1795 voulut que
les objets précieux fussent déposés au Muséum et un troisième du 3 juillet; 179)
exigea « qu'on vendit ou qu'on mit en loterie les diamants, pierres de couleur et les
bijoux de toute nature », mais ces lois étaient bien mal exécutées. On lit, en effet
dans le remarquable ouvrage de M. De La Borde : Les Archives de la France,