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426                       LA REVUE L Y O N N A I S E

 créer de ces établissements qu'on nomme aujourd'hui Musées et
 qui ne datent même que du commencement de ce siècle.
   Ce n'est qu'à la suite des temps et lorsque ces Trésors eurent
acquis une véritable importance par le grand nombre d'objets d'art
qu'on y avait pieusement réunis, qu'on put leur donner ce nom.
L'Eglise, tout en prêchant aux fidèles l'humilité, la pauvreté et le
mépris des richesses, crut, avec raison, que rien ne devait être
épargné pour rehausser l'éclat de la majesté divine et déployer
dans son culte la plus grande magnificence ; c'est ainsi que, dès
son origine, elle a fait usage d'objets de la plus grande valeur
intrinsèque et remarquables aussi par leur perfection artistique,
quoique parfois un peu barbare 4 . C'est ainsi qu'on peut citer jus-
qu'après le règne de Charlemagne des vases en or massif qui
étonneraient nos générations actuelles. Ils provenaient des dé-
pouilles du monde barbare, et souvent partagées avec les églises
en même temps qu'on les dotaient des biens du domaine impérial.
Dans plus d'un sanctuaire se voyaient de grands calices, des
candélabres, des statues même tout en or et du poids le plus lourd.
N'a-t-on pas cité entre autres une grande croix d'or faite avec
le butin pris par Bélisaire sur les Vandales et garnie de pierres
précieuses? Qui ne sait que Clovis eut une couronne d'or? Aetius,
dit-on, avait un bassin du poids de vingt-cinq livres. Trois cents
bassins d'or furent offerts à Placide, sa fiancée. Du temps de
Charlemagne, on parlait encore de sceptres, de tables et détrônes
d'or. A Poitiers, on a retrouvé naguère un carquois d'or. Près de
Cluny, on a mis à jour une burette et son plat en or massif acquis

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     Le christianisme tout en renversant les dieux de l'Olympe respecta la plupart des
trésors artistiques de la Grèce et de Rome et s'en servit pour l'embellissement des
plus précieux objets servant au culte. J'en citerai encore quelques exemples. A
Chartres, une chasse de la Vierge était ornée de quatorze pierres gravées antiques
que vola, en partie, un député à la Convention. C'étaient, entre autres, un camée
avec une tête de Jupiter ;— une Sardoine (Diane), une pierre (Assuérus sur son trône) ;
une agate (Cupidon) ; — un camée (un sacrifice) ; une agate blanche (une Méduse) ;
un camée (un taureau et un lion) ; — une cornaline (l'abondance) ; — une pierre (Mi-
nerve); une cornaline (Mercure); etc.
  Le célèbre Oratoire de Charlemagne était aussi orné de pierres antiques. La Ré-
volution l'a brisé et fondu. La chasse de Sainte-Geneviève portait des pierres gravées
représentant Mutius Scosvola, — Ganimède enlevé par l'aigle de Jupiter, des Vénus,
des Amours. Dans le trésor de la Sainte-Chapelle de Paris, on rencontrait les plus
beaux camées.