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LES TRÉSORS DES ÉGLISES DE LYON 427 par la Bibliothèque Nationale vers 1845 *. — Plus d'une église avait un autel tout en or repoussé. L'hôtel de Gluny possède le splendide retable de même métal provenant de la cathédrale de Bâle. L'histoire nous a même conservé le nom de plus d'un grand artiste auteur de ces chefs-d'œuvres. Ne nous dit-elle pas, entre autres, que saint Eloi aurait forgé le fauteuil de Dagobert, aujour- d'hui conservé à Saint-Denis, et que c'est à Mabuinus qu'on doit les deux calices d'or que Perpetuus, évêque de Tours, légua, en 474, à son église? D'ailleurs, à cette époque, l'église recueille aussi avec sollici- tude les restes des splendeurs de l'architecture romaine pour en orner ses temples. C'est ainsi qu'à Lyon, par exemple, le célèbre sanctuaire de Saint-Just est embelli avec les marbres les plus beaux empruntés aux édifices païens en ruines. « Le soleil, dit un de nos historiens, y fait briller d'un nouvel éclat ses lambris couverts de lames en feuilles d'or. Les voûtes, les fenêtres et les pavés sont revêtus d'un précieux marbre de diverses couleurs. La grande nef est remplie d'une forêt de colonnes. Les saints de l'église de Lyon y reposent dans des sarcophages antiques du plus beau travail. » Dans son Trésor on conservait des vases d'or et d'argent, des reli- quaires des plus riches, des manuscrits des plus rares, des émaux des plus anciens. A cette lointaine époque, on recherchait aussi les camées et les intailles les plus rares dus aux artistes de la Grèce et de Rome. La cathédrale de Chartres, entre autres, possédait le célèbre camée antique de Jupiter conservé maintenant à la Bibliothèque Nationale. L'usage de sceller avec des pierres antiques fut aussi général aux débuts de la monarchie, et cet usage s'est continué exceptionnellement, par fantaisie particulière, jusqu'à l'époque de la Renaissance3 où il reprit une faveur unanime. Enchâssées dans 1 Ce trésor était caché dans un champ dans le voisinage de l'église de Gourdon, prés le mont Saint-Vincent (Saône-et-Loire) ; à côté du vase et de son plateau d'or se trouvaient cent quatre médailles en or d'Anastase, Justin, Léon, Zenon. (Notice de M. Rossignol sur le trésor de Gourdon. Dijon, décembre 1845.) 2 II existe aux archives de Dijon de nombreuses lettres autographes du célèbre Claude de Beauffremont,baron de Sennecey, lieutenant de Mayenne au gouvernement de Bourgogne, incarcéré momentanément au château de Pierre-Scize, à Lyon; ces lettres sont scellées la plupart avec une pierre antique représentant l'Amour déco- chant une flèche.