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DES VERBES DANS NOTRE BON PATOIS LYONNAIS 373 finale en î se terminent en a, devenu ô dans le plus grand nombre des endroits. Vorre, Mènôs, adiu vos dis. P. S. — J'avais fait lire les pages qui précèdent à un philologue très dis- tingué, qui a bien voulu leur donner son approbation et, en même temps, m'a fait une observation fondée: « Vous expliquez par des exemples tout à fait probants, me dit-il, que, dans les verbes de la première conjugaison où la finale est précédée d'une gutturale, si celle-ci est dure, la finale est en 6 (broncd, broncher), et que, si la gutturale est douce, la finale est en i (migi, manger). Mais vous n'indiquez pas les cas où la gutturale doit être dure, et ceux où elle doit être douce. Ce serait cependant le plus intéressant. » Je croyais que cette distinction ressortait des exemples mêmes que j'ai cités. Mais j'ai eu le tort de ne pas être assez clair. Je vais compléter ma pensée. J'avais dit : 1° Lorsqu'une gutturale précède are latin, si cette gutturale est précédée elle- même de i ou e persistant, la finale est en yi. Ex. : secare, seyi; precare, prai/i. 2» Si, au contraire, cette gutturale est précédée d'une voyelle qui tombe, la gutturale c s'adoucit en ch ou en g. Ex. : •pr&ed'care, praic/ii ; jud'care, jugi ; Il suit de là que si tous nos verbes en care venaient directement du latin, il n'en est pas un seul qui eût une gutturale dure; partant, que nous n'aurions aucun verbe en cô, gô, mais seulement des verbes en yi, chi ou gl. Aussi aucun de nos verbes en cô, gô ne vient directement du latin. Ces verbes comprennent seulement: 1° Les dérivés composés sur un substantif. Ces dérivés, naturellement, sont » plus récents que le radical. Voici, par exemple, pied, picM (à Rive-de-Gier), pieftd. Il est formé sur pic. En effet, si picô venait d'un verbe latin picare, nous aurions eu piyi, puis payi. Mais à pic, on a simplement ajouté le suffixe ô, commandé par la gutturale dure. Piqui, répondant au français piquer, eût été contre nos règles, et c'est ce que j'avais voulu marquer en disant que la gutturale dure appelle toujours ô. Dans ces dérivés lyonnais, le radical est le plus souvent d'oc, quelquefois d'oïl : Bingô, se remuer, s'en donner, chiner, est formé sur le provençal biga, au propre perche, au figuré jambe. Potringô, médicamenter, est formé sur un radical provençal potringa qui signifie médecine, et dont je n'ai pas le temps de rechercher ici l'origine. Se sacô*, se blottir, est formé sur sac.