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       DES VERBES DANS NOTRE BON PATOIS LYONNAIS                                     371
tinct, celui de nos bourgs et villages, comme ceux-ci ont encore
un patois très distinct de la belle langue du Gourguillon1, et ce
langage rustique, a-t-il, lui, au contraire, tiré directement du la-
tin les formes en î ? — Question délicate.
   La dernière supposition expliquerait les formes en cia, gia, de
l'ancien patois. Si a latin, en effet, était devenu e, il n'aurait pu
remonter à a, et donner afforcm, ablagm, après avoir donné affor-
cier, ablagz'er.
   Mais il est à remarquer que les plus anciens documents, même
les plus populaires, nous montrent des formes en ier, eier, jamais
en iar, eiar, et que, dans le patois de la Suisse romande, qui a tant
de traits communs avec le nôtre, ces verbes sont encore en yè
(Gilléron), indiquant ainsi une permutation analogue à la nôtre,
mais arrêtée en route.
   Je tiens donc pour l'hypothèse de ier devenu yî, î. Lorsque la
chute de r anal s'est produite, il est resté ié, devenu facilement
î, par cette tendance, que j'ai déjà signalée ailleurs dans le lyon-
nais, à laisser tomber la seconde voyelle de l'hiatus.
   Quant à nos formes en ia, outre que nous n'avons guère que
quelques mots conservés par Cochard, et que je n'ai pas retrouvés
dans le patois moderne, on peut admettre qu'à l'exemple de tant
de verbes français, ces infinitifs ont été refaits sur le participe
passé.
   Somme, je crois que notre prayî est le fils du prêter de Mar-
guerite d'Oingt, et non l'héritier direct d'un preiar rustique. Le
tout S.'G. D. G.

   « Qu'il y ait toujours eu un pa'.ois rustique à côté du dialecte urbain, modifié sur-
tout sous l'influence d'oïl et même d'oc, ce n'est pas niable. Et cela me montre que,
dans une circonstance récente, je n'ai guère été plus fin, Dieu me pardonne, que les
sorciers de Montélimart. Dans mon travail Sur quelques particularités etc., je
n'ai pas su expliquer la double forme aiguà et aigui, que l'on retrouve concurrem-
ment dans les plus anciens documents lyonnais. Or, il ne semble pas douteux qu'ew-
ffua, plus tard aiguë, ne fût la forme urbaine, l_i forme civilisée, venue sous l'in-
fluence méridionale, et qu'aigui ne fût la forme proprement lyonnaise et rustique,
que Rubys, au seizième siècle, cite comme employée dans ce qu'il appelle le langage
« gavot ». On a vu ailleurs que les régies du lyonnais exigent la forme aigui.
   Je profite de l'occasion pour rectifier un lapsus dans le même travail. J'y ai dit que
la chambotta ou chambossi était le manche de la charrue. Je voulais dire le timon.
Le manche ou ce que tient le laboureur se nomme la coua (cauda).