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4 D E S V E R B E S D A N S N O T R E BON P A T O I S L Y O N N A I S 369 du français patoisé. C'est ce qui rend l'étude du lyonnais si difficile. Si vous prenez des mots purement autochtones, il y en a peu, et l'étymologie est souvent trop incertaine pour en tirer des règles certaines. Et si vous prenez des mots dont l'étymologie est cer - taine, vous êtes le plus souvent en présence de mots français qui ne peuvent vous fournir de règles patoises. C'est ce qui doit rendre indulgent pour le canut soussigné, si d'aventure un rondier trop sévère relevait dans la présente pièce quelque pas-failli. Mais il y a des des lois générales qui ne sauraient faire doute. * Nous avons fini l'examen des verbes de la première conjugaison terminés en î. Pas besoin de faire l'explication de ceux terminés en o. Tous ceux qui ne se terminent pas en î se terminent en o. Cette règle me paraît lumineuse. Cette forme en î est-elle ancienne ? On ne la retrouve pas dans les anciens documents. Marguerite d'Oyngt, sicut dixi, a la forme «n ar pour les verbes qui, aujourd'hui, font o : delivrar, desirrar, enclinar, dotar (douter), confesser, passa/', emandar, racontar, recitar. Pour nos finales en î et en id, elle a la forme en ier : re- gr&cier, rendre grâces (qui ferait aujourd'hui regracia, puis re- gracî) ; damagier, porter dommage (qui ferait aujourd'hui doma- gia, puis doHiag£); cumum'er (qui ferait aujourd'hui commun?); deleita'er, de dilêctare (qui'ferait aujourd'hui deleit?) ; efforciez (qui ferait aujourd'hui efforcm, puis efforce), manger (qui a fait m\gî) ; agenoHer (qui ferait agenoll*, avec II mouillées), ensen- nier, à 'insignare (qui ferait insegnï). Elle a certainement par erreur à .ignari pour dinar, qui ferait à mâ. Enfin, elle a très régulièrement ubliar, qui a fait chez nous obh'o. Je n'ai pas trouvé dans Marguerite de verbe qui réponde à nos formes en ayî. Il n'y a pas de doute que ces verbes ne fussent en eier : preier, pleier. Le Tarif du péage de Lyon, en 1295, offre également les formes en ar : retourner, arrestar, demorar, meisonnar (bâtir), » Elle a employé une fausse orthographe étymologique, croyant que dîner vient de dignare : Me, Domine benedicere.., 2 i OCTOBRE 1S83. — T. VI