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296                               DES VERBES

  Ici, on peut, je crois, admettre la persistance duc sous la forme
dey, comme on le retrouve dans i de plezer (plicare), et dans iàe
pm'er (precare), du cantilene de sainte Eulalie (Joret), et dans y
de ployer (plicare). Cette formation est tout à fait analogue à notre
formation lyonnaise.
                                  *

   Remarquez que ce n'est pas le simple hiatus de la finale qui a
engendré notre terminaison yi. La preuve en est dans la liste des
verbes suivants, tous terminés en hiatus dans le latin, et qui ont
fait chez nous non pas yî, mais iô ou ta suivant les endroits :
  Se marid, se marier (maritare, puis mari'are)        ;
  Cria, crier (quiritare, puis    quiri'are);
  Obli'd, oublier (oblitare, puis obli'are) ;
   Dessiô", ôter la soif (répondrait à un barbarisme dissetare, composé avec dis
et sitim, devenu disse1 are) ;                                 «
   Se méfid, méfier (mis-fidare,   puis mis-fi'are) ;
   Detrid, sevrer (dis-tritare, puis    dis-tri'are);

   Je crois que de ces exemples on peut tirer cette deuxième régie :
   2° Lorsque la finale latine are est précédé de la dentale d ou
t, précédé eelle-même de i, le type latin donne ia, iô en lyonnais1.
   3° Il en est de même des verbes terminés par l'hiatus latin
eare, iare, pourvu que celui-ci ne soit précédé ni d'une gutturale
ni d'une liquide mouillée (11 mouillées ou n prononcée gn),
ni d'une sifflante :
  Convia, accompagner quelqu'un (cum-viare) ;
  Pai-î'd, parier (p&riare).

  4° Si, par la chute de la dentale entre deux voyelles, l'hiatus
latin, au lieu d'être eare ou iare est uare ou oare, il est con-
servé en lyonnais sous les formes uô, ouô. Les exemples sont
rares. Il ne m'en vient que deux à l'esprit :
   1
      A l'appui des différences de formation entre les finales yi et iô, je rappellerai
qu'au douzième siècle, les verbes français qui répondent à notre formation en yî,
étaient monosyllabiques, et ne pouvaient rimer avec les verbes qui répondent à notre
formation eniô, et dont la finale était dissylabique. Ainsi mari-er, oubli-er ne pou-
vaient rimer av-;c pre-ier (prier) ne-ier (nier), pas plus qu'en patois aujourd'hui
maria, obliô ne pourraient rime:1 avec prayi et neyî (si toutefois en patois popu-
lairts,nous avionsl'équivalentdumotnier,qui eût été régulièrement neyî,      denegare).
Je dois cette remarque à un jeune philologue qui sera demain un maître, M. Langlois.