page suivante »
DANS NOTRE BON PATOIS L Y O N N A I S 293 Dans le Franc-Lyonnais, les deux formes se mêlent parfois. On y dit accoindo, flatter, caresser, et se charfigna, se disputer. Toutes nos montagnes, du Beaujolais à Gondrieu, sont de langue d'à . Cette particularité n'avait point échappé à Cochard. Dans sa parabole de Enfant prodigue en patois de Condrieu, il dit : « . . . allô en chon ou caïon. » Dans celle en patois de Fontaines : « ... per i gardo los caïons » ; Dans celle en patois de Saint-Symphorien-le-Château : « ... par alau en chon aux cayons ; » Dans celle en patois de Beaujeu : « . . . p'y gardo lous caians ; » Mais dans celle en patois du Forez, on trouve écarta, leva, bette ; Dans celle en patois d'Amplepuis : «... par y garda los peurs ; » Et dans celle en patois du Bois-d'Oingt : « par y garda los peurs \ » Soit quatre paraboles en o et trois en a. Roquille, qui était de Rive-de-Gier, emploie la forme 6: tram- palo, chanceler ; capito, rencontrer, surprendre ; borfo, manger avec avidité. L'auteur de la Couzonnaize dit tsanto (chanter). Gutton, Monin, qui étaient de Mornant, emploient la forme o. Cochard, dans son Bialogo de doux homos va plus loin et écrit picaw, piquer, chagrinai, chagriner, modaw, s'en aller, ce qui est un tort, puisque au n'exprime pas ici une diphtongue. Je ne sais pourquoi, dans son vocabulaire, il a pris exclusivement la forme en a, encore que le choix et la prononciation des termes indiquent souvent le patois des pays d'o. Somme, la prononciation 6 est très dominante dans le Lyonnais aujourd'hui. C'est celle que l'on adoptera pour les exemples du patois moderne dans ce qui va suivre. Maintenant, citons quelques-uns des verbes de la première con- jugaison latine qui ont fait 6 en lyonnais : i Je dois à l'obligeance extrême de M. Véricel, possesseur d'un grand nombre de manuscrits de Cochard, la communication de celles de ces paraboles qui sont iné- dites.