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292 DES VERBES naison ar du vieux provençal. Marguerite d'Oyngt, au treizième siècle, dit : « illi commencavet a pensar... Il no se pont tenir de chantar... » La même forme existe dans le syndicat de l'élection des conseillers de la ville de Lyon, du 18 décembre 1355 : « Item donnent aus dis conseilleurs puyssanci de demandar... et les povres gens de la dicta cita deffendre et enparar en leur dres... et a recovrar czo qui est encore deu, etc. » Je ne sais à quelle époque on cessa de faire sentir dans la pro- nonciation IV'final. Ce qui est certain, c'est que ce fut avant le seizième siècle. Le français, qui a une littérature écrite, continue à écrire étymologiquement aimer, quoique l'on prononce aime de- puis beau temps. Mais le patois s'écrivant avec les lettres qui représentent le mieux les sons, supprima de l'écriture r final. Dans toutes nos anciennes pièces patoises, la terminaison des verbes de la première conjugaison répondant à er français est en a. Le même phénomène s'est passé en provençal, où la terminai- son ar est devenue a dans l'orthographe des félibres. Cependant, à Lyon, dès la fin du dix-huitième siècle, on voit remplacer a par 6 ou au. Tandis qu'en 1773, la chanson sur le mariage de Mgr le comte d'Artois dit encore à l'infinitif honora, alla, presinta, la chanson de Reverony sur l'ascension de Pilâtre du Rozier (1784) dit ravicolaw, montaw, complimentai, concur- remment avec resta, alla. Il est probable que, bien avant Lyon, nos campagnes, et surtout nos environs avaient remplacé tous nos a finals accentués par o, et c'est même un des traits qui accusent le plus la physionomie si comique de nos patois. C'est évidemment sous l'influence de notre accent traînard, de notre habitude d'allonger les mots, de nous lantibardaner en parlant, que s'est opérée cette transformation. Pour- tant celle-ci n'était pas générale au commencement du siècle, et ne l'est pas encore. Tarare, Amplepuis, le Bois-d'Oingt ont gardé l'a 1 . 1 Depuis que Cochard écrivait sa parabole en patois d'Amplepuis, les choses ont déjà changé. Un observateur, qui habite ce bourg, m'assure qu'aujourd'hui la finale en o lend à prédominer. 11 est vrai qu'il s'agit de Vo bref, et non de l'o ouvert qui constitue la finale dans les pays d'ô.