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266 LA REVUE LYONNAISE sister sans danger aux séductions et au prestige de l'imagination et aux délicatesses de l'esprit. Les enthousisates d'un talent littéraire seront-ils surpris de m'entendre signaler comme auteur de livres qui ont laissé dans la société de nombreuses victimes une femme restée célèbre, qui, sous des allures extérieures masculines, a été grande artiste de son sexe par la âne pénétration des sentiments humains et l'éclat du langage. C'est Georges Sand, peintre achevé de la nature séduisante, dont quelques livres ont sainement ému le cœur, charmé l'esprit par la délicatesse de la pensée et l'enchantement du style, mais dont les séductions ont entraîné plus de ruines qu'on ne le suppose en favorisant, en surexcitant, les tentations, les faiblesses du cœur et des sens. Les lois morales souvent travesties ont été érigées en doctrine nouvelle subversive pour toute âme, même honnête ; par tout cela, la plume de cette femme, écrivain du premier ordre, impressionnant l'âme de jeunes femmes et de jeunes filles impru- demment engagées dans la lecture de livres tels que Indiana, Lélia, pour n'en pas citer davantage, elle a peut-être plus fait de ravages que les romans les plus licencieux de l'ancienne école. Georges Sand méritait donc au moins une mention. Enfin je ne voudrais, pour réveiller tous les souvenirs à son sujet, que nommer cet écrivain qui, paraît-il, pour ceux qui l'on connu personnellement, a été jugé peu recommandable. Eugène Sue, par des romans publiés d'abord en feuilletons, il y a quarante ou cinquante ans, a su s'emparer de la curiosité publique, dominer les lecteurs de tout sexe devenus ardents à le lire, impatients de voir paraître le numéro à suivre. Eugène Sue, qui pénétrait dans les entrailles de ce Paris resté une énigme perpétuelle jetée à la société par un sphinx inconnu, se plaisait à la peinture accentuée des passions et des vices à l'action corrodante, offrant des modèles à suivre aux âmes mal disposées ou seulement curieuses, inventant des types hideux pour ruiner les croyances morales et religieuses, surtout infusant un socialisme vengeur et jouisseur par une série de tableaux représentant au peuple travailleur les plaies et les misères humaines comme des griefs à venger, les jouissances comme des conquêtes à exploiter, alors que l'auteur se livrait lui- même au sybaritisme le plus sensuel.