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252                    LA R E V U E LYONNAISE
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sonnette retentit, M " Bernier se précipita dans le vestibule; nous
entendîmes des rires étouffés, un chuchotement de voix, puis la
future M"le de Lulleval rentra en tenant parla main une jeune fille
portant une simple et jolie toilette de voyage, et nous recon-
nûmes... qui? Laura Reynald, Laura dont nous n'avions plus
entendu parler depuis qu'elle nous avait annoncé son départ pour
l'Angleterre et que, je l'avoue franchement, nous avions un peu
oubliée.
    Laura semblait tout embarrassée, Guy et moi nous ne recouvrions
pas la parole.
    M11" Bernier jouit un peu de notre étonnement, puis dit :
    — Il est inutile, je crois, Messieurs, que je vous présente à Mlle Rey-
 nald; c'est elle, monsieur de Lulleval, que vous devez remercier
 si vous êtes heureux que je devienne votre femme. Voilà qui mérite
explication, n'est-il pas vrai? Soyez tranquille! en dînant je satis-
ferai votre curiosité; ce ne sera pas long.
    Et la charmante fille, tout en riant, prit mon bras, tandis que
Laura s'appuyait timidement sur celui de Guy.
    — Il faut vous dire, reprit M"6 Cécile quand nous fûmes installés
autour d'une table coquettement servie, qu'une de mes plus grandes
joies en Angleterre, joie toujours trop rare à mon gré, était de
m'entretenir avec des Français. Il y avait environ trois mois que
j'avais perdu mon père, et je me trouvais à peine remise de la
première commotion de ma douleur, quand j'appris que les proprié-
taires de la maison voisine de la mienne arrivaient de France,
amenant avec eux une Française pour soigner leur plus jeune en-
fant. Je sus bientôt me mettre en rapport avec Mlle Laura, nous pas-
sions de longues heure's ensemble et vous croirez sans peine que
j'éprouvai bien vite pour elle la plus cordiale sympathie. De son
côté, elle ressentit sans doute quelque amitié pour moi : un jour
elle me fit connaître son histoire et comment un jeune homme lui
avait rendu un grand service de la façon la plus noble et la plus
touchante. Je vous l'avouerai sans rougir, monsieur de Lulleval, je
conçus immédiatement pour ce jeune homme l'estime la plus haute,
l'admiration la plus vive, et je fus peu à peu amenée à me dire que
ce serait un grand bonheur pour moi, pauvre fille isolée, sans appui,
 si je pouvais consacrer ma vie à un cœur aussi généreux. Je