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DERNIÈRE AVENTURE 253 e m'ouvris de mon dessein et de mes espérances à M" Reynald, elle les approuva, les encouragea et .. vous savez le reste. Guy était aux genoux de sa lancée et lui bai sait les mains avec une émotion profonde; quant à moi, riez si vous le voulez, j ' e s - suyais furtivement une larme. — Oui, mais ce'que M"e Bernier oublie, dit à son tour Laura, ou plutôt ce qu'elle vous a caché avec soin, monsieur de Lulleval, c'est qu'elle est une des plus riches héritières de Londres et qu'elle est venue à Saint-A... dans l'équipage le plus modeste, de peur que son immense fortune n'inquiétât votre délicatesse et ne vous éloignât d'elle. — C'est vrai, mon cher Guy, reprit M"0 Cécile, avec un embarras qui, cette fois, était bien naturel ; mon pauvre père, grâce à son travail et à son intelligence, m'a laissée dans une position splendide ; mais j'ai eu la fatuité de vouloir être aimée pour moi-même. Ai-je réussi ? Ces éclaircissements donnés à la satisfaction de tous, nous achevâmes la soirée de la façon la plus joyeuse. Le mariage eut lieu le lendemain, la cérémonie fut courte et tout intime. Et voilà , Messieurs, comment Guy de Lulleval, pour avoir joué heureusement au baccarat, dans une intention morale, épousa une jeune fille charmante et riche à millions. Parfois, vous le voyez, la vertu reçoit sa récompense, ce qu'il fallait démontrer. Aujourd'hui, il est devenu l'associé de M. Bidau et ne ménage pas sa peine. La fabrique de glaces a pris une immense extension, les affaires sont magnifiques. Mmc de Lulleval est la plus enviable des mères, et Laura la seconde dans l'éducation de ses enfants. Tous sont heureux parce qu'ils travaillent beaucoup et s'aiment encore plus. C'est la grâce que je vous souhaite, après vous avoir remerciés de votre indulgente attention. Paris, mai 1883. DE LAPLANE.