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DERNIÈRE AVENTURE 251 La lettre que Guy m'écrivit aussitôt était empreinte de la joie la la plus vive et la plus vraie. Le mariage était fixé à deux mois, à l'expiration du deuil delà jeune fille. En attendant, les deux tourte- reaux passaient ensemble tout le temps que Guy avait de libre. Ce que leurs entretiens pouvaient être, il est aisé de se le figurer; ce n'était que riants projets d'avenir, châteaux en Espagne, etc. Le cœur de Lulleval était véritablement vierge, le plaisir ne l'avait point flétri, M lle Bernier était bien son premier amour. La veille de la cérémonie, j'arrivai à Saint-A... et je trouvai les deux amants radieux dans le petit salon où j'avais vu M"e Bernier pour la première fois ; elle me parut plus ravissante que jamais. Sa physionomie fière et douce avait je ne sais quel air de triomphe qui me surprit, encore que je trouvasse tout naturel le contentement qu'elle devait éprouver. Nous causâmes quelque temps ; l'heure sonna de se mettre à table et Lulleval se plaignait de ce que Célestine était bien en retard. Tout à coup il sortit en disant qu'il allait la presser, et cela si vite qu'il ne vit point le geste de M"0 Bernier pour le retenir. 11 revint au bout d'une minute en demandant d'un air surpris pourquoi on avait mis quatre couverts. — C'est, fit la jeune fille avec un trouble qui me parut tant soit peu affecté, que j'attends quelqu'un. — Et qui cela ? demanda Guy. — Un peu de patience, vous allez le savoir ; c'est, mon cher Guy, le premier et le dernier secret que j'aurai eu pour vous. Cela lui fut dit en plaisantant et du ton le plus affectueux, mais il ne put s'empêcher de faire la grimace, et moi-même je me sentis un peu gêné. Ma pensée, comme évidemment la sienne, s'attachait à ce convive mystérieux. Qui pouvait-il bien être et pourquoi n'en avait-on pas entendu parler plus tôt? Aussi, de pleine d'entrain qu'elle avait été d'abord, la conversation devint-elle languissante. Je regardais à la dérobée MUe Cécile qui, tout en montrant la mine la plus sérieuse, me sembla en réalité s'efforcer de ne pas rire et s'amuser énormément de la singulière figure que nous faisions Guy et moi. Je ne sais combien de temps dura cette situation, ce qu'il y a de certain c'est qu'elle me parut prodigieusement longue. Enfin la