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210 LA REVUE LYONNAISE — Mèstre, lis ai trouva coucha sus l'erbo qu'amoulavon si vou- lame, mai n'avien pastoumba 'no espigo... — Acô's de galagu ! digue lou mèstre. Gercon de travai, e prègon Dieu de n'en ges trouva. Mai... segound l'obro, pagaren. Acô di, vai à la terro, s'escound dis un valat, e tèn d'à ment li meissounié. III Mai lou bon Dieu alor fai a sant Pèire : — Pèire, pico de fio ! — Segur, ié vau, digue sant Pèire. E tout-d'un-tèms Sant Pèire, de si braio, tiro laclau dôu Para- dis, apound à -n-un caiau un tros de rusco d'aubre, e 'mé la clau pico de fio. Mai lou bon Dieu alor fai à sant Jan : — Jan, boufo ! — Ièvau, Segnour, digue sant Jan. E tout-d'un-tèms sant Jan, emé sa bouco, boufo li belugo dins loublad, e d'uno ribo à l'autro, un revoulun de fiamo, unnivoulas de fum agouloupon la terrado, e lèu la fiamo toumbo, e lèu lou fum s'esvano, e milo e milo garbo subitamen pareisson, coume se — Maître, je les ai trouvés couchés sur l'herbe, aiguisant leurs faucilles, mais ils n'ont pas fait tomber un épi... — Ce sont des vauriens, dit le maître, ils cherchent du travail et prient Dieu de n'en pas trouver, mais... suivant l'œuvre, nous payerons. Gela dit, il va à la terre, se cache dans un fossé et observe les moissonneurs. Ht Mais le bon Dieu dit à saint Pierre : — Pierre, bats le briquet. Oui, Seigneur, répondit saint Pierre. Et aussitôt saint Pierre tira de ses chausses la clef du paradis, appuya contre un caillou un débris de tronc d'arbre et avec la clef fit du feu. Mais le bon Dieu dit alors à saint Jean : — Jean souffle ! — Oui, Seigneur, répondit saint Jean. Et aussitôt saint Jean, soufflant de toutes ses forces, envoie des étincelles dans le blé et d'un bout à l'autre un tourbillon de flamme, un nuage de fumée enveloppent le champ. Mais soudain, la flamme cessa et