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130                  LA. REVUE LYONNAISE
 cien monde à la tète de l'humanité, de tout cela il ne restera
 bientôt plus rien. C'est à peine si l'on nous concède encore quel-
 ques mérites dans le domaine des arts, « ces productions des races
 paresseuses qui, selon l'Américain, n'ont rien d'utile à faire dans
 le monde ;» mais, pour tout le reste, nous sommes des vieillards
 usés, décrépits, quela sénilité ramène à la barbarie de l'enfance. La
 solitude est prédite pour le vieil occident comme elle s'est faite
 sur Ecbatane, Ninive, Babylone.
   Ces choses se disent, s'écrivent, 'et le livre que je citais à l'in-
stant n'est pas écrit dans un autre esprit; notre orgueil national y
est rudement mis à l'épreuve.
    Ce républicain de vieille race qui ne dissimule pas d'ailleurs
ses sentiments sympathiques pour la France met au-dessus de
tout principe démocratique l'ordre, la force, le patriotisme qu'il
prétend nous refuser. M. Sheppart signale encore avec une sorte
de colère ce qu'il a retenu des éternelles hâbleries, des vantar-
dises des outranciers de l'époque du siège, il flagelle le besoin que,
selon lui, éprouve chaque Français de se choisir parmi ses chefs
ou parmi les croyants dissidents d'opinion un bouc émissaire fa-
vori qu'il croit être la source de tous nos maux. Dans un accès
de répugnance et de dégoût pour le souvenir des mouvements
populaires, des émeutes parisiennes dont il aétéletémoin, il s'écrie
à propos d'une harangue par laquelle Victor Hugo célébrait avec
ce que l'auteur nomme une pyrotechnie verbale, « la liberté de
chaque race et la fraternité de toutes, » le Yankee s'écrie :
«Allons donc, la République des Etats-Unis, a à peu près autant
de sympathie pour la vôtre qu'une famille en bonne santé en a pour
une maison de fou. »
   Ce langage est-il mérité? On ne peut répliquer qu'après ré-
flexion à ce juge qui est du nombre de ceux qui se disent encore
nos amis ; quant au jugement de nos ennemis, toute réserve faite,
il n'est pas inutile à connaître.
   Assurément il y aurait des diatribes calomnieuses à relever dans
les publicistes d'outre-Rhin qui se sont acharné sur nous Fran-
çais comme sur un cadavre qu'ils auraient dépouillé, parce que,
vaincue, ils ont cru la France morte. Mais, s'il y a de l'exagération
lorsque, dans les écrits de nos ennemis, on lit qu'il n'y a plus, en