page suivante »
DE IRRESPONSABILITE LITTÉRAIRE 131 France, ni flamme, ni ressort, que nous avons perdu le goût des hautes spéculations, l'amour des mâles pensées, des vastes et pro- fondes doctrines; que nous sommes un peuple de parleurs et de rieurs, une nation usée dont il faut songer à rédiger l'épitaphe ; si la rougeur nous monte au front en entendant de pareilles mé- prisantes diatribes, ayons néanmoins le courage de l'avouer : il y a du vrai. Toutefois en faisant la part de la vérité, faisons-la tout entière, et, puisque nous parlons de responsabilité, que chacun supporte son fardeau. Notre incomparable fabuliste, qu'aucun de nos enne- mis ne pourrait remplacer ni même imiter, a traduit avec son bon sens merveilleux sa verve originale et pittoresque la vérité des choses. ... Le fabricateur souverain Nous créa besac:er tous de même manière, Tant ceux du temps passé que du temps d'aujourd'hui, Il fit, pour nos défauts la pointe de derrière, Et celle de devant pour les défauts d'autrui. Les critiques d'outre-Rhin, en se retournant pourraient trouver leur besace assez bien remplie. Je préfère laisser à un ancien ministre de l'instruction publique plus autorisé que moi de toute manière l'application de certaines vérités ; surtout parce que c'est à la jeunesse qu'elles sont adres- sées. A chacun selon ses œuvres. Dans une séance de distribution des prix du concours général à la Sorbonne, M. Batbie disait : « Non, nos ennemis ne sont ni meilleurs que nous ni plus purs. Cette corruption dont leurs lourdes plaisanteries nous accusent, elle est dans leur sang, comme dans le nôtre. Leurs vices nous ont pénétrés, avant que leurs armes nous aient envahis; il est plus d'un crime qui, sans leur exemple, n'auraient pas déshonoré notre histoire; mais ils nous ont vaincus avec trois mots : l'ordre, la patience et le respect, voilà ce qu'il faut apprendre. «Notre société tout entière est sortie du devoir; il faut qu'elle y retourne; chacun, dans le pays, a quitté sa place, il faut que chacun la reprenne. Les mots de notre vieille langue ont perdu leur sens; il faut qu'ils la retrouvent. A peine sait-on, dans le