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120                  LA REVUE LYONNAISE
tés : toutes ces mesures étaient insuffisantes et diminuaient à peine
le chiffre des intrusions.Au vrai, le généalogiste Chérin en témoigne
dans son Abrégé chronologique des édits sur la noblesse publié
en 1787, il était impossible de faire le recensement exact des véri-
tables nobles, et, par suite, de les distinguer, au moins par l'exté-
rieur, de ceux qui ne l'étaient pas. A part les familles historiques
et celles qui pouvaient justifier d'une possession d'état incontestée,
parce qu'elle était publique et apparente, à part celles dont les
membres portaient l'épée de père en fils et qui avaient signé leurs
parchemins de leur sang sur les champs de bataille, la source la
plus limpide de la noblesse était, au dernier siècle, l'exercice pro-
longé, souvent héréditaire, des charges supérieures de judicature
et de certaines fonctions publiques.
   Eh bien! que rencontre-t-on le plus fréquemment, à la même
époque, dans ces charges et dans ces offices ? La démonstration que
nous avions ensemble commencée en 1864, M. J. d'Arbaumont
l'a poursuivie et achevée dans son livre sur la chambre des
comptes de Dijon. Quoiqu'elles ne soient, à proprement parler,
qu'un coin du tableau et comme un épisode de l'histoire de la
noblesse, ses recherches minutieuses sur les officiers de cette
juridiction, la liste qu'il en dresse, les généalogies qu'il donne,
les pièces authentiques qu'il cite — car il a scruté avec soin les
archives — établissent, à n'en pas douter, que le plus grand
nombre des familles représentées dans cette cour 'depuis le qua-
torzième siècle jusqu'en 1789, loin de tenir par leurs racines à la
caste aristocratique, sortaient des entrailles populaires. La con-
clusion manifeste, irréfutable qui se dégage de son travail, creusé
aussi profondément que l'exigent l'érudition et la critique modernes,
c'est qu'à aucune époque de nos annales, la noblesse française
n'a été un corps fermé, c'est qu'elle s'est sans cesse recrutée dans
les classes inférieures, c'est qu'elle a constamment infusé dans ses
 veines un sang nouveau, c'est que, contrairement à l'opinion
vulgaire, si elle formait un ordre séparé dans l'État, avec ses
 attributions, ses immunités, ses honneurs, ses mœurs et aussi,
 disons-le franchement, parfois sa vanité, surtout sensible chez les
 derniers venus de ses membres, elle ne fut jamais impénétrable à
la roture, particulièrement à cette fraction qui portait le nom de