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            LES POSSESSIONS DU P R I E U R E D'ALIX               59
à étudier. Malheureusement les textes littéraires font défaut. A
part les œuvres de Marguerite d'Oingt, publiées il y a quelques
années par M. Philipon, que peut-on citer?Il faut donc s'en tenir
à l'étude de textes qui, moins attrayants peut-être, offrent encore
bien des ressources.
   Parmi ces textes trois distinctions à établir :
   1° La langue officielle, celle des scribes, des officiers royaux,
qui est le français, la langue du centre.
   2° La langue des bourgeois parlée dans la ville, dont nous avons
de nombreux spécimens, soit par les comptes municipaux, soit par
les Registres consulaires, soit surtout par les comptes présentés par
des particuliers.
   3° -Enfin la langue parlée dans la campagne. Cette dernière est
celle qui garde le plus longtemps les formes anciennes, aussi n'est-
elle que plus intéressante.
   Dès le milieu du xm e siècle, à Lyon, comme dans presque toute
la France, sans excepter le midi peut-être, comme aussi à l'étran-
ger, la langue du centre, qu'on appelait alors spécialement fran-
çais, fit sentir son influence. Cette influence était assez sérieuse
pour qu'en Italie le savant Brunetto Latini, le maître du Dante,
écrivit en français son Trésor de toutes choses, disant, en compa-
rant notre langue à la sienne : « le parler de France est plus dé-
lectable. » Où la langue du centre eut le moins d'influence, c'est
certainement dans les campagnes, qui ressentent moins que les
villes le besoin d'élégance et de douceur dans le langage. Nous
croyons pouvoir classer le texte qui suit parmi les quelques épaves
de la langue rurale qui nous soient parvenues, c'est jourquoi nous
le soumettons à l'attention des curieux. Certes, ce n'est fort proba-
blement point là encore la pure langue du peuple, il y a certaine-
ment des corrections dues au scribe, mais la différence avec la
langue urbaine de la même époque est encore assez sensible. A cet
intérêt il faut ajouter la proche parenté de notre document avec les
œuvres de Marguerite d'Oingt, qui était née près d'Alix et chez qui
se retrouvent souvent des formes du langage populaire.
   Dans tous nos documents lyonnais, on rencontre des formes du
nord et du midi mêlées et juxtaposées, c'est ce qui a fait classer
notre région complètement à part. Au moyen âge, on s'inquiétait