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                     LE ROMAN N A T U R A L I S T E                        47

rentes parties est brisé, et il ne reste plus que des débris qui,
isolément, peuvent avoir un certain mérite et présenter quelques
observations bien faites, quelques détails précieux, mais qui ne
sauraient former un ensemble logique permettant de tirer des
conclusions, ces conclusions que M. Zola doit mettre plus tard
dans la bouche du docteur Pascal Rougon.
    Eh bien, cette certitude, existe t.-elle? La sciencea-t-elleprouvé
par exemple, que l'ivrognerie est héréditaire ? que par l'hérédité
elle se change parfois en hystérie? que ce que M. Zola appelle la
 manie religieuse est une névrose? que cette névrose est sœur de
l'imbécillité? Nous savons bien qu'il y a à cet égard des affirma-
 tions autorisées parfois, passionnées souvent, mais les dénégations
 ne sont pas moins nombreuses, et, en l'état, trancher la question
 ous semble bien hardi de la part d'un partisan de la méthode si
 sûre et si consciencieuse de Claude Bernard.
   M. Zola va dire, il est vrai, que le point de départ certain, indis-
cutable, c'est le principe d'hérédité, que ces transformations de la
maladie héréditaire ne sont que les phases de l'expérience qui doit
succéder à l'observation, et qu'il a voulu montrer par là que la
succession des faits est bien telle que l'exige le déterminisme des
phénomènes mis à l'étude.
   Mais à cela nous répondrons qu'il n'a rien montré du tout, qu'à
supposer même que les faits allégués soient conformes à la vérité 1 ,
rien ne prouve que l'inconduite d'Anna Goupeau, dite Nana, vienne
de l'hystérie et non du simple amour de la vie facile et aisée, con-
trastant avec la condition de ses parents et avec les gifles pater-
nelles 2; qu'en admettant qu'on ne puisse expliquer sa vie par des
 causes purement morales et qu'elle soit réellement hystérique, les
 habitudes d'ivrognerie de ses parents ne sont pas assez caractérisées
 au moment de sa naissance pour qu'on puisse leur attribuer cette
 disposition morbide ; qu'il n'est pas du tout évident que l'ivrognerie
 soit un vice héréditaire, mais qu'elle doit bien plutôt se transmettre
 de père en fils, quand elle se transmet, par l'influence pernicieuse

  1
    Nous n'insistons pas sur ce point, que nous avons développé en examinant !a
 méthode exposée par M. Zola.
  2
     Voir VAssomoir.