page suivante »
48 LA REVUE LYONNAISE de l'exemple que tout autrement; que de ce qu'il constate qu'un prêtre ou un individu atteint de ce qu'il appelle la manie religieuse a pour sœur une idiote, il ne résulte nullement que ces deux dispo- sitions aient la même origine: la névrose de leur arrière grand- mère ; qu'en un mot, il a raisonné beaucoup trop vite et a fait ce sophisme bien connu et bien fréquent qu'on a parfaitement résumé en cinq mots latins : Post hoc, ergo propter hoc. M. Zola a donc bien appliqué ses principes et sa méthode ; mais j les principes étant aussi peu démontrés que la méthode est vicieuse, le résultat, au point de vue des conclusions à tirer, ne peut qu'être absolument nu!. Ceci dit à titre d'observation générale et sur le point de départ de tout l'ouvrage, il est bon d'étudier plus en détail chaque partie et d'en relever avec soin les qualités et les défauts. On peut ainsi voir M. Zola philosophe, artiste et écrivain, examiner s'il ne s'est pas volontairement ou non affranchi parfois du joug qu'il s'était imposé, chercher s'il a apporté eu littérature quelque chose de nouveau, s'il procède de quelqu'un et de qui. En se livrant à cette étude on arrive à plus d'une conclusion tout à fait inat- tendue. Une remarque curieuse à mettre en tète de cette étude, c'est qu'en règle générale le temps n'a pas fait faire de progrès à notre auteur. Ses derniers ouvrages sont loin d'être ses meilleurs, et quand on prend presqu'aux deux extrémités delà série: la Fortune des Rougon et Pot-Bouille, le contraste est frappant. Autant les scènes du premier roman sont palpitantes de vie et tracées d'une mainpuissante, autant celles du dernier sont languissantes et molle- ment dessinées. C'est en vain que l'auteur a cherché à en releverl'in- térêtà force de mots crus et de détails répugnants; de tels procédés peuvent attirer pendant quelque temps l'attention et donner à un ouvrage une popularité malsaine, ils ne suffisent pas pour le faire vivre. Une étude de mœurs n'est pas un cours d'accouchement, et il est des limites que même avec le système de description à ou- trance on ne devrait pas dépasser. A quoi tient cette sorte de décadence ? Si l'on prend certains dé- tails, si l'on examine le style, il semble que le talent de M. Zola est toujours dans toute sa vigueur, et cependant, avec des qualités