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                  UN PROCÈS CRIMINEL A LY ON                           31

 Veuhe. Mais, oubliant sa promesse, il contracta mariage avec la
 filled'uu sieur Michon, de Roanne, qui tenait dans cette ville une
 entreprise importante de voitures.
     De là vint le différend. Aux reproches qui lui furent adressés
 par Laurent delà Veuhe, Lanchenu répondit par des injures vio-
lentes, proférées dans le propre domicile du prévôt des mar-
 chands.
     Ce dernier dissimula son ressentiment; mais tout en attendant
 que Lanchenu eût terminé le recouvrement de ses taxes, il se pro-
 mit de tirer vengeance de l'insulte qu'il avait reçue.
     A cette époque, les voies de fait étaient encore assez fréquentes,
et les plus grands seigneurs eux-mêmes ne se faisaient guère faute
de bâtonner leurs laquais. Ce fut une vengeance de cette sorte que
choisit le prévôt des marchands, et dont il confia l'exécution à huit
hommes appartenant au corps des arquebusiers de la ville de Lyon.
Le jour de l'Ascension 1666, à onze heures du matin, Lanchenu
revenait ainsi, en carrosse, avec sa femme, de la chapelle de Saint-
Roch,qui était située sur la colline de Saint-Just, quand ces huit
arquebusiers, ayant la figure couverte d'un masque, l'arrêtèrent;
àla Quarantaine, et lui donnèrent tant de coups de bâton, qu'ils
le laissèrent pour mort sur la place.
     Gela fait, les auteurs de ces violences s'enfuirent, en traversant la
Saône sur une barque, qui les déposa sur la rive gauche de la
rivière.
    Ces huit hommes, jeunes et vigoureux, ne durent, sans doute,
guère ménager leurs coups, et ce n'est pas sans quelque raison que
Laurent de la Veuhe soutint plus tard que ses ordres avaient été
dépassés. Néanmoins, les blessures reçues par Lanchenu étaient loin
d'être mortelles. Il en fut bientôt guéri, et l'on sait d'ailleurs qu'il
ne mourut que neuf ans plus tard à Paris.
    Quoi qu'il en soit, Lanchenu sut profiter habilement des circon-
stances pour rendre sa cause intéressante; car dans la plainte qu'il
adressa au Conseil du roi, il soutint avoir été troublé, par ces vio-
lences, dans les recouvrements dont il avait été chargé au nom de
Sa Majesté.
    Cette prétention était discutable, car il paraît certain qu'à ce
moment la perception des taxes, à laquelle il avait été préposé,