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26 LA R E V U E LYONNAISE à la satire de s'égayer sur ton compte : monsieur Loret ne manquera pas de te mettre dans sa gazette, et tu auras donné toi-même aux gens le bâton avec lequel ils te frapperont. Tu as raison, bon- homme, quand tu dis que ton honneur n'est aucunement entaché par les vilaines actions qu'a pu faire ta femme. À elle de rougir, si elle se conduit mal ; tu n'as pas de honte a avoir. Dans la pièce des Fâcheux, le poète se place à un point de vue tout différent. Alcandre, un fâcheux, aborde Eraste et lui demande de lui servir de second contre un gentilhomme qui l'avait insulté. Erasle réfléchit un peu, et avec un admirable bon sens, lui répond : Je ne veux point ici faire le capitan ; ' Mais on m'a vu soldat avant que courtisan : J'ai servi quatorze ans, et je crois être en passe . Do pouvoir d'un tel pas me tirer avec grâce, Et de ne craindre point qu'à quelque lâcheté Le refus do mon bras me puisse être imputé. Un duel met les gens en mauvaise posture ; Et notre roi n'est pas un monarque en peinture. Il sait faire obéir les plus grands de l'Etat, Et j e trouve qu'il fait en digne potentat. Quand il faut le servir, j ' a i du coeur pour le faire ; Mais je ne m'en sens point quand il faut lui déplaire. Je me fais de son ordre une suprême loi : Pour lui désobéir, cherche un autre que moi. (Les Fâcheux, acte I, scène s.) Refuser un duel n'est pas une lâcheté, et il ne faut pas regarder comme un timide l'homme qui a fait ses preuves de vaillance à l'armée (ajoutons : ou dans la vie civile, qui demande quelque- fois tant d'obscure valeur) et qui refuse d'aller sur le terrain. De plus l'on doit se soumettre aux lois et respecter l'ordre du prince qui défend le duel à ses sujets. Le raisonnement était pour plaire à Louis XIV : tout homme de sens ne pourra s'empêcher de l'ap- prouver. III Nous avait fait passer sous les yeux du lecteur les coups les plus saillants portés à l'usage du duel, que nous ayons pu rencon-