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                       M O L I È R E ET LE DUEL                         25

qu'il débite dans la pièce qui porte son nom, aujmoment où il croit*
avoir découvert une intrigue criminelle entre sa femme et Lélie,
et que le malheur de son front ne lui paraît plus douteux.

               . . . Son courroux, qu'excite ma disgrâce,
           M'enseigne hautement ce qu'il faut que je fasse;
           Et l'on ne doit jamais souffrir, sans dire mot,
           De semblables affronts, à moins qu'être un vrai sot.
           Courons donc le chercher, ce pcndard qui m'affronte :
           Montrons notre courage à venger notre honte.

           Doucement, s'il vous plaît, cet homme a bien la mine
           D'avoir le sang bouillant et l'âme un peu mutine ;
           11 pourrait bien, mettant 'artVout dessus affront, .
           Charger de bois mon dos comme il a fait mon front.

           Mais mon honneur me dit que d'une telle offense
           Il faut absolument que je prenne vengeance :
           Ma foi ! laissons-le dire autant qu'il lui plaira ;
           Au diantre qui pourtant rien du tout en fera !
           Quand j'aurai fait le brave, et qu'un, fer, pour ma peine,
           M'aura d'un vilain coup transpercé la bedaine,
           Que par la ville ira le bruit de mon trépas,
           Dites-moi, mon honneur, en serez-vous plus gras?

           Peste soit qui premier trouva l'invention
           Do s'affliger l'esprit de cette vision,
           Et d'attacher l'honneur de l'homme le plus sage
           Aux choses que peut faire une femme volage !
           Puisqu'on tient, à bon droit, tout crime personnel,
           Que fait là notre honneur pour être criminel ?

           N'allons donc point chercher à (ai e une querelle
           Pour un affront qui n'est que pure bagatelle
           L'on m'appellera sot, de ne me venger pas :
           Mais je le serais fort de courir au trépas.

   11 y a là un mélange de poltronnerie et.d'idées justes à démêler.
Sganarelle n'est point un Achille ; néanmoins la première idée qui
lui vient à l'esprit, c'est de courir se battre. Heureusement la
réflexion ne tarde pas à refroidir ce bel enthousiasme.
  C'est pour te venger de cet infâme que tu veux le provoquer,
Sganarelle. Mais est-ce là une vengeance bien profitable que celle
qui consiste à t'aller faire donner un bon coup d'épée? Mettras-tu
au moins les rieurs do ton côté ? Eh non ! ce sera nouvelle matière