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P A R T I C U L A R I T E S DU P A T O I S L Y O N N A I S 9 que la seule lecture d'un mot patois n'indique pas sa prononciation, et que, pour savoir où placer l'accent, il faut ou avoir entendu prononcer le mot par un naturel du pays, ou connaître son étymologie, car il y a cela de remarquable, c'est que notre patois ayant été préservé du fléau des savants qui ont forgé en français tant de mots de travers, la position de l'accent dans le latin est toujours respect'e dans la traduction. Fena, venant de femina, nous savons à la lecture que l'accent tonique est sur P., et que a est une muette. Mais ce qui ne laisse pas d'intriguer, c'est cette double destinée des noms latins, dont la finale a tantôt s'est conservée, tantôt est devenue i. Ce dernier cas est le plus fréquent. Voyons quelques exemples des deux formes. Pour plus de clarté, je mets l'étymo- logie latine entre parenthèses. ' MOTS FÉMININS PATOIS VENUS DU LATIN, AVEC FINALE MUETTE EN A Calida, parvis (calata); Cinella, fruit de l'aubépinafcoccmrf/aj; Bnrota,hvo\iette(birota) ; Doella, douve (dovella); Tluvande, piquette (bibendu); Calauda, cigale (calandra); Caborna, petite hutte (caverna); Atrobla, étable (stabula); Cobla, attelage de 2 chevaux (copula); Fc.na, femme (femina). MOTS FÉMININS PATOIS VENUS DU LATIN', AVEC FINALE MUETTE EN I Crassi, crasse (crassa); Baitchi, fanes de légumes (balclia); Parochi, paroisse (parœcia); Apponsi, ajouture (apposita); Dimingi, dimanche (dies dominica); h'eiri, foire (feria); Iliassi, besace (bisaccia) ; Fnyessi, galette (focacia) ; Brochi, broche (brocca); Decizi, descente au fil de l'eau (des- Breri, bruyère (brueria) ; censa); Buchi, bûche (bosca); Alagni, noisette (aveliana). Il y a même au nrnns nu mot qui a simultanément les deux formes en a et en i. On dit indifféremment aigna ou airjui, eau (aqua). Mais non seulement les noms empruntés à la première déclinai- son latine, mais encore les noms féminins provenant d'autres