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404                 LA R E V U E LYONNAISE
intérêts de la ville de Lyon mis au cœur du souverain, que lui
dirons-nous de relatif à la situation politique des choses? Ne pen-
sez-vous pas qu'il sera bon de prendre l'initiative sur ce point?
Lyon étant en sa possession, votre question ne saurait le choquer.
Demandons-lui nettement ce qu'il pense faire de sa fille. Y voyez-
vous quelque inconvénient?
   — Non, sans doute, monsieur, faites-le seulement sans rien
laisser apercevoir de nos affections personnelles, et comme le con-
sultant sur l'attitude que nous devons prendre à notre retour.
   — C'est précisément ma pensée. »
   François II se fit l'écho de M. de Metternich. Ce que celui-ci
nous avait dit de l'intérêt qu'inspirait Lyon sortit avec bonhomie de
sa bouche impériale. Il promit peut-être plus qu'il ne dépendait de
lui de tenir, car son œil n'était pas assez sévère pour contenir ses
généraux. Pourtant, ilfaut en convenir, les coups de rabot que
ceux-ci nous donnèrent furent assez supportables. L'empereur se
 servit d'expressions flatteuses en parlant de M. Jordan. Il me
 questionna sur mon origine, qui lui semblait devoir être allemande.
 Je lui dis qu'un de mes frères avait momentanément compté au
 nombre de ses sujets, ayant été pendant quelques années maître de
 la seigneurie de Rutzendorf.
    « Ach ! ja, me dit-il en allemand, in dem Marschfeld !
    — Oui, Votre Majesté. »
    Pour lors nous avions à aborder la question délicate. M. de
 Laurencin, après avoir deux fois retourné son chapeau, lui exposa
 combien nous étions étonnés des bruits étranges venant de Paris ;
 puis, se donnant un dernier élan de courage :
    « Votre Majesté, ajouta —t—il, pardonnera à notre sollicitude si
 nous osons lui demander quels vœux, quelle volonté, nous devons
 Iransmettre, de sa part, à nos commettants. »
    Ici l'empereur se dandina d'une façon encore plus accentuée
 qu'il ne le faisait habituellement,et sa réponse brève et concise fut ;
    « Il faut voir, messieurs, ce que décidera le Sénat. »
    Après nous avoir itérativement promis de donner des ordres pour
 que Lyon fût traité avec modération, il fit un geste qui signifiait
 que l'audience était terminée.
    Nous le saluâmes encore plus bas qu!à notre entrée et nous nous