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382                      LA REVUE LYONNAISE
Quant à l'humour, l'humour de Sterne et de Jean Paul, il semble éviter le
soleil. Si l'attiscisme est la fleur de Provence — cette pervenche (prouvençalo)
que Bonaparte a donnée comme emblème aux félibres — l'houmour est une
fleur saxonne. Nous pardonnerons donc à notre William de les avoir mariées
quelquefois. —Bref, à partir de 1873, M. Bonapavte-Wysc publia une série de
poèmes que nous allons étudier.
   Pour commencer par les plus importants, nous citerons trois études antiques,
toutes les trois fort remarquées : Septentrion, la Déification du Mistral, et les
Songe de Zenotemis. Ce sont de petits monuments bâtis sur la donnée d'un texte
ou d'une inscription. L'épitaphe du jeune danseur d'Antibes « saltarAt et placuil, »
 a inspiré Septentrion. Une insinuation de Strabon, compliquée d'une légende
sur l'empereur Auguste pendant son séjour dans les Gaules, a été pour le poète
un prétexte à grandes descriptions de la Camargue et des Alpilles, dont il a fait
sa déification du veni-terrau. On sent passer dans ce poème les puissantes rafales
du. vent triomphateur, et ce n'est pas non plus sans dessein que M. Wyse nous
raconte que
                   L'escultour Amici on sa voie couralo
                   De marbre de Paros la formo coloussalo
                        A taiado doù grand Mislrau.

Enfin c'est d'un délicieux dialogue de Lucien : to?«pi;, r, re rappelle certains poèmes
de la littérature impériale, banalités fastidieuses, oùla description— et quelle des-
cription ! — cherchait à suppléer à la couleur locale que l'archéologie ne donnait
pas encore. C'est un dialogue narratif en quinze strophes de onze vers chacune.
M. Wyse lui, n'abuse pas,de la description, et avec une pensée abondante, con-
stamment élevée, il a réalisé à ce point de vue la fusion des deux éléments. Ce récit
massaliote a dans la langue du terroir une saveur étrange, moins de soleil peut-
 être qu'on en demanderait à un provençal, mais sa forme est voilée de mélancolie,
et les brumes du Nord agissant lui donnent des lueurs plus fraîches. Brume et
soleil, le secret de sa fraîcheur est là! Ceci peut s'appliquer aux trois. - pièces
également. Ces études antiques rappellent parfois Aima Taddema, alors, avec
plus de soleil. Mais, pour rester dans les comparaisons de poètes nous signalerons
les pages archéologiques de M. Leconte de Lisle, avec cette différence à l'avantage
de Mi Wyse, que l'âme de ses vers le préoccupe plus souvent que leur couleur
elle-même, qui vient d'instinct, par le seul fait d'une science profonde de l'archéo-
logie et de l'histoire. A ce point de vue, et en relisant la ravissante élégie de
Septentrion, je lui assignerais volontiers une placeentre le poète des Érynnies
et André Chénier.
   Mais arrêtons-nous ici sur une série de pièces qui échappent à toute classi-
fication, pouf être, quelques-unes du moins, le résultat direct de Ce tempérament
multiple qu'on ne saurait trop signaler chez M. B. Wyse. Dans l'ode à Lord
Broughàm, de magistrale poésie; qui a remporté le rameau d'olivier d'or aux