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                            M. MARY LAFÔN                           209

   Non! le poème de Longus, malgré l'innocente passion qui en
fait le charme, est de faible intérêt aujourd'hui. Et ceci me remet
en mémoire un mot plaisant de Mérimée: « Le mal des Grecs,
c'est que leurs idées de décence et même de moralité étaient fort
différentes des nôtres. »
   « Mais de bonne foi, reprend M. Mary Lafon, quel intérêt, je
vous le demande, peuvent inspirer ce vaurien pieds nus, grossier
comme ses corbeilles et cette paysanne rougeaude, brûlés par le
soleil, et sentant l'ail et l'huile rance. »
   Voilà qui est, par ma foi, de bon sel !
    « La littérature est un art qui, sous peine de tomber dans la boue
et le fumier, doit chercher ses inspirations dans un autre milieu,
en tenant compte des progrès et du raffinement de la civilisation. »
    Suit une page charmante tirée des Confessions de Rousseau,
 qui sent son Jean-Jacques à vingt lieues, et de ce naturel tra-
vaillé, simple pourtant « des naturalistes » d'alors ! L'auteur la
 met en parallèle avec la Cueillette de Mireio pour en conclure
 ceci :
    « À quoi tiennent la grâce, le charme et l'intérêt de ce tableau
 qui est ravissant? à la condition différente des personnages. On
 aura beau multiplier les écoles primaires : l'esprit et la littérature,
 sont deux privilégiés qui ne tombent jamais dans le suffrage
 universel... »
    A tout hasard, renvoyons la lecteur au premier de ces juge-
 ments. Serait-ce bien le cadre du réalisme rural qui choquerait
 M.Mary Lafon ?... Car j'avoue humblement, devant cette réflexion
 de l'auteur, n'en avoir pas saisi « l'idée ».
    « De Calèndau, ajoute-t-il, autre poème publié en 1866, mieux
 vaut ne rien dire. C'est une œuvre mauvaise autant par le fonds
 que par la forme. »
    Si Mireille universellement admirée doit une part de sa gloire à
 Lamartine, Gounod, Saint-René, Taillandier et toute la critique,
  Calèndau, peu connu, pour le moins aussi beau, tient du défaut
 d'un grand nom pour chanter son aurore, et de la profondeur
 même du sujet, l'espèce d'oubli où il est resté.
    Quoi qu'il en soit, un jour viendra où ces grandes idylles épiques,
  partout acceptées comme sœurs des chefs-d'œuvre éternels, décou-
        SliPTEMRRE 1£82, — T. IV.                              14