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126 LA REVUE LYONNAISE Au commencement de l'introduction des cloches, on se con- tenta d'une seule ; mais lorsque la fonte fut devenue plus commune, on voulut en avoir davantage et de plus grosses, et il fallut aug- menter les dimensions des clochers. Le nombre et la grosseur des cloches servit pour marquer la différence des offices. La fonction de les sonner était dévolue aux prêtres, qui peu à peu se déchar- gèrent de ce soin sur les clercs, et cette fonction fut encore plus avilie depuis la fabrication des cloches monstrueuses, exigeant pour les sonner des hommes de travail forts et exercés. Il y eut, dès lors, dans les cathédrales et collégiales bien réglées, deux clochers, « un petit pour les petites cloches à l'entrée du chœur, qu'un clerc en surplis sonne régulièrement à toutes les heures de l'office, et un autre à l'entrée de l'église où sont les grosses cloches que les laïques sonnent quand il le faut ; selon les aver- tissements qu'ils reçoivent par les divers sons des petites. » (Bocquillot, Traité de la liturgie, p. 367.) Ce passage nous donne la clef de deux choses : premièrement c'est que les besoins de l'Eglise ne nécessitant qu'un seul clocher pour les grosses cloches, le clergé ne se mit pas en peine de faire achever la seconde tour, lorsqu'il s'en trouvait deux dans les plans des architectes, et de là vient que dans beaucoup de cathé- drales, il y a une tour inachevée ou construite d'après un dessin différent. En.second lieu, le mode de sonnerie usité à Saint-Jean semble un reste de cet ordre ancien qui voulait que les grosses cloches destinées à appeler les fidèles ne fussent mises en mouvement qu'après le signal donné par les petites cloches réglementaires. En effet, lorsqu'on sonne la grosse cloche, elle ne commence a se faire entendre qu'après un début ou un préambule des autres qui continuent leur carillon pendant les volées de la grosse. Ce n'est que depuis fort peu de temps que l'on a dérogé à cet usage, des origines duquel on ne se rendait pas compte. Les clochers sont donc devenus indispensables, mais les flèches qui les surmontent sont un simple objet de décoration inutile. La flèche dans un sens absolu est une forme barbare et sans har- monie. En certaines circonstances pourtant, elle emprunte une beauté relative à sa position ou à son entourage. Dans les plaines